Bordé d’un côté par l’écume blanche des vagues déchaînées et de l’autre par les palmiers battus par le vent, le littoral de Rabat s’est transformé en un lieu de promenade où chacun semblait savourer ce moment de répit offert par le ciel. Certains marchaient d’un pas lent, les mains dans les poches, humant l’air salin, tandis que d’autres, en solitaire ou en groupe, s’arrêtaient pour contempler l’horizon, fascinés par la mer encore agitée.
Face à l’Atlantique, les âmes se font douces. Omar, un septuagénaire venu de Midelt, observe, immobile, le va-et-vient de l’océan, comme s’il cherchait à en capter un secret. «Je suis venu contempler la mer et ses hautes vagues, car elle est ma confidente», confie-t-il d’une voix posée, empreinte de gravité. Il marque un temps, puis ajoute, songeur: «J’ai une longue histoire à leur raconter.» Il n’en dira pas plus. Il finit par évoquer, avec une pudeur presque sacrée, le récent décès de son épouse. Peut-être aimait-elle aussi ces rivages, ce bleu profond qui s’étend à perte de vue. Alors, il revient ici, malgré le froid et le vent, pour lui parler.
Un peu plus loin, un autre visiteur, Abdellali, venu spécialement de Ouazzane, contemple le spectacle avec une autre émotion. Il n’a pas la mélancolie d’Omar, mais il partage avec lui un profond respect pour cet océan capricieux. Pour lui, cette échappée à Rabat est avant tout un moment de gratitude. Après une semaine où le ciel n’a cessé de verser ses bienfaits sur le Royaume, il ressent le besoin de voir de ses propres yeux ce qui renaît sous ces précipitations tant attendues.
Il laisse son regard errer sur l’horizon, puis se tourne légèrement vers l’intérieur des terres. «Ces précipitations, grâce à Dieu, ont redonné espoir à tout le monde. Je pense aux paysans, aux cultures et au cheptel», souligne-t-il avec une ferveur contenue.
Il se souvient encore de la terre aride, craquelée sous le soleil implacable des mois passés. Mais aujourd’hui, tout semble renaître. Sur la route qui l’a mené à Rabat, il a aperçu les plaines reverdir, les oueds gonflés d’une eau vive et précieuse, les premières pousses timidement dressées vers le ciel. C’est un spectacle rare et rassurant, qui vient rappeler que même après les longues périodes de sécheresse, la nature sait retrouver son souffle.
L’Atlantique, lui, continue son ballet incessant, indifférent aux histoires humaines. Pourtant, pour ceux qui viennent le voir, il est plus qu’un simple paysage.
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