Abattage illégal d’arbres près d’Ifrane: des réseaux organisés défient les agents forestiers

Cèdres du Moyen Atlas, pris en contre-plongée. Le Maroc abrite la principale cédraie en Méditerranée et Cedrus atlantica s'y étend sur 134.000 hectares. Un écosystème de nos jours menacé par le dérèglement climatique et la pression humaine.

Cèdres du Moyen Atlas.. Fadel Senna / AFP

Revue de presseAprès une opération sur le terrain montrant l’ampleur de la criminalité environnementale dans les forêts de la province d’Ifrane, deux agents forestiers se retrouvent mutés dans ce qui a été interprété comme une sanction incompréhensible. Une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 20/04/2025 à 19h15

La criminalité environnementale prend de l’ampleur dans l’Atlas, principalement dans les provinces montagneuses d’Ifrane et de Midelt.

Des réseaux bien organisés, semble-t-il aidés par des complices au sein même des organismes chargés de la protection des forêts, multiplient les opérations de coupe et de pillage des arbres forestiers.

Ceci, dans un contexte où ceux qui sont chargés de réprimer ces activités se retrouvent parfois confrontés à des sanctions pour le moins incompréhensibles.

Selon Al Akhbar de ce lundi 21 avril, deux agents de l’Agence nationale des eaux et forêts ont récemment été sanctionnés dans la province d’Ifrane, après avoir intercepté une voiture et poursuivi un camion transportant du bois volé.

Une intervention qui a révélé l’ampleur du trafic de bois de cèdre dans la région, mais dont la sanction qui a suivi a instauré un climat de méfiance et d’inquiétude parmi les autres agents chargés de la protection des forêts.

Selon des sources informées citées par le quotidien, la sanction prononcée constitue un fait inédit dans l’histoire de l’Agence, ainsi que du Haut-Commissariat auquel elle a succédé.

Les mêmes sources ajoutent que cette sanction, prise sans enquête préalable ni passage officiel devant un comité disciplinaire, s’est traduite par la mutation des agents concernés: l’un a été transféré à Bouarfa, l’autre dans la province de Taounate.

Ces mutations ont finalement poussé les intéressés à solliciter l’intervention du ministère de l’Agriculture pour mettre fin à leur détachement au sein de l’Agence nationale des eaux et forêts.

Ce qui est intriguant dans ces transferts, c’est le fait qu’ils interviennent juste après une opération menée par les intéressés sur le terrain, qui a été suivie par le dépôt d’un rapport auprès du parquet concernant des crimes de coupe et de pillage d’arbres forestiers dans leur zone d’intervention.

Selon Al Akhbar, ils y expliquent que l’un d’eux avait reçu un appel téléphonique signalant qu’un camion chargeait illégalement du bois dans l’une des communes de la province d’Ifrane.

Ils auraient alors tenté de contacter leur supérieur direct, sans succès, ce qui les a amenés à solliciter les instructions du directeur provincial de l’Agence.

Ce dernier, selon les sources du quotidien, leur aurait demandé de suivre les instructions du parquet, lequel a ordonné à la Gendarmerie royale locale de mobiliser une patrouille pour leur prêter main-forte.

C’est ainsi qu’une opération d’interception a été organisée.

Al Akhbar indique que les deux agents ont indiqué dans leur rapport que le camion ciblé a refusé d’obtempérer et a pris la fuite.

Lors de la poursuite, un véhicule serait intervenu pour bloquer les agents forestiers.

Son propriétaire aurait alors menacé les agents, prétendant bénéficier du soutien de personnalités influentes dans la région ainsi qu’au sein de l’Agence des eaux et forêts.

Finalement, les services de la Gendarmerie ont réussi à saisir le camion en fuite et, suivant les instructions du parquet, l’ont remis aux agents forestiers, avec ses documents.

Cependant, toujours selon le rapport, le véhicule a été restitué à son propriétaire sur la base de fausses informations fournies par un agent se réclamant d’instructions du parquet.

En attendant de connaître l’épilogue de cette affaire, Al Akhbar indique qu’au lendemain des faits, les agents forestiers ont constaté qu’une grande quantité d’arbres avait été abattue dans une zone située à une centaine de mètres du lieu où le camion avait été repéré.

Par Fayza Senhaji
Le 20/04/2025 à 19h15

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Il faut confier la surveillance des forêts de cèdres à la gendarmerie royale puisque l'administration qui en a la responsabilité n'en a pas les moyens

Le360 et la presse consciencieuse du pays sont priés de suivre de près le développement de cette affaire. C’est un fait: La «Mafia du Cèdre» existe, se porte bien, et continue ses activités en toute impunité. Elle est faite de réseaux criminels bien organisés, et où sont impliqués des personnes ordinaires, des agents forestiers, des agents d’autorité, des élus locaux et régionaux, des gendarmes et les acheteurs du bois qui contrôlent des sociétés de transformation (scieries et usines de charpente). Ces criminels opèrent surtout dans l’axe Ifrane-Azrou-Midelt. Par exemple, dans la province de Midelt qui dispose d’un patrimoine forestier important, mais menacé, il existe une véritable mafia du cèdre dans les communes de Bouadil, Sidi Yahia Ou Youssef, Tounfite et Ait Hnini. Catastrophique!!!

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