Affaire de la petite Sanae: voici le verdict prononcé en appel contre les violeurs

Sanae, la victime du viol collectif, arrive à la Cour d’appel de Rabat accompagnée de son avocate, Me Aïcha Guellaâ.

La Cour d’appel de Rabat a condamné aux premières heures de ce vendredi 14 avril les trois agresseurs de la petite Sanae, âgée aujourd’hui de près de 13 ans et victime d’un viol collectif à répétition, à de lourdes peines. Les voici.

Le 14/04/2023 à 02h11

La Justice a tranché. Les trois violeurs de la petite Sanae, âgée de 11 ans au moment des faits et aujourd’hui de près de 13 ans, écopent finalement de peines à la mesure de la sauvagerie de leurs actes. C’est ainsi que le principal accusé, Abdelouahed Ragragui, a été condamné, ce vendredi 14 avril 2023 aux premières heures, à 20 ans de prison assortie de 60.000 dirhams de dommages et intérêts. Ses deux autres coaccusés, Karim El Abdi et Youssef Zouaye, écopent, chacun, de 10 ans de prison et de 40.000 dirhams de dommages et intérêts.

Les concernés ont dix jours pour faire un dernier appel de ce jugement auprès de la Cour de cassation. Les abominables faits se sont produits dans la région de Tiflet.

Après un premier report prononcé la semaine dernière, le procès en appel s’est poursuivi jeudi 13 avril. Le tribunal a entendu en huis clos l’enfant victime qui a confirmé avoir été violée par les trois criminels. Le tribunal a également entendu le témoin qui s’est présentée au tribunal avec une assistante sociale dans le cadre des procédures de l’accompagnement et du soutien.

De même, le tribunal a entendu les trois accusés, qui ont nié toutes les charges retenues contre eux. Dans sa plaidoirie, le représentant du Ministère public a considéré que «le jugement initial rendu dans cette affaire était correct en condamnant les accusés. Cependant, nous nous sommes pas d’accord avec la Chambre criminelle de première instance dans son appréciation de la peine et de sa décision de jouir les prévenus de circonstances atténuantes», réclamant dans ce cadre «le maintien du jugement préliminaire en termes de condamnation et l’imposition de la peine la plus sévère contre les accusés». Pour sa part, la défense de la victime a appelé à porter la peine prononcée en première instance contre les prévenus à son maximum, et réclamé une indemnité mensuelle à titre de pension alimentaire au profit du nouveau-né jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de la majorité.

En mars, la Chambre criminelle de première instance avait condamné le premier accusé à deux ans de prison ferme et les deux autres à 18 mois fermes, pour «détournement de mineure» et «attentat à la pudeur sur mineure avec violence entraînant une défloration», qui sont des actes stipulés dans les articles 471, 485 et 488 du Code pénal marocain.

Le verdict a suscité une vague d’indignation au sein de la société civile marocaine et chez grand nombre de militantes et d’intellectuelles, en tête desquelles la sociologue Soumaya Naamane Guessous et l’écrivaine Yasmine Chami. La petite Sanae était défendue par Me Mohammed Sebbar, grande figure du militantisme pour les droits de l’Homme au Maroc, et par Me Aïcha Guellaâ, présidente de l’Association marocaine des droits des victimes (AMDV).


Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 14/04/2023 à 02h11