Des opérations à cœur ouvert nécessitant une réparation valvulaire chez des enfants et des bébés issus de couches sociales défavorisées auraient servi d’alibi aux responsables de la clinique du Dr Hassan Tazi pour détourner des dons. C’est du moins ce que vient de révéler l’enquête ouverte par la justice depuis l’éclatement de cette affaire.
D’après le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, qui se penche sur ce sujet dans son édition du mardi 10 mai, le docteur Tazi avait lancé «une campagne pour assurer gratuitement des opérations à cœur ouvert, prévues pour le mois de ramadan, au profit de cinquante enfants et bébés». Cette campagne a été fortement médiatisée et largement relayée sur les réseaux sociaux. La clinique, qui avait déjà effectué une première action de ce genre, laissait entendre que «les opérations seraient gratuites, alors qu’elles étaient totalement prises en charge par des mécènes». Bien plus, poursuit le quotidien, les factures relatives à ces opérations étaient fortement gonflées par les services de la clinique pour pousser les bienfaiteurs à plus de générosité. Par ailleurs, les factures de certains enfants dont les parents ont une prise en charge sociale, notamment auprès de la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), étaient remboursées.
La responsable de ces opérations au niveau de la clinique versait les sommes d’argent récoltées sur le compte de la structure sanitaire «Achifaa», le compte de l’épouse du patron de la clinique, son propre compte et un autre compte ouvert au nom de sa fille, révèlent les sources du quotidien sur la base des investigations de la justice. Et d’ajouter que la mise en cause ne se contentait pas uniquement de gonfler les factures des opérations et autres interventions à la clinique, mais exagérait également le nombre des patients bénéficiaires. La clinique a ainsi obtenu des montants colossaux, sachant bien, fait remarquer le quotidien, que «plusieurs chirurgiens intervenaient bénévolement dans ces opérations à cœur ouvert». Quoi qu'il en soit, des dons étaient toujours récoltés pour financer des opérations à cœur ouvert ou de chirurgie esthétique souvent surfacturées, voire fictives. Autant dire que l’affaire, qui est aujourd’hui entre les mains du juge d’instruction près la Cour d’appel de Casablanca, n’a pas encore livré tous ses secrets.