La polémique qu'a suscitée l'affaire des Marocaines victimes d’abus sexuels dans les champs de fraise de Huelva n’est pas près de s’estomper. Alors que personne ne doute plus de l’existence de ces abus et que la justice espagnole a ordonné une enquête, le ministre marocain du Travail et de l’insertion professionnelle persite à nier les faits, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son numéro du lundi 11 juin.
En effet, le ministre vient d’affirmer, dans un communiqué diffusé par son département, que les deux visites effectuées sur place, les 10 et 11 mai, par les services du ministère, une délégation de l’ANAPEC et l’ambassade d’Espagne à Rabat n’ont révélé aucun cas d’abus sexuel, de chantage ou de harcèlement à l'encontre des saisonnières marocaines envoyées en Andalousie pour la cueillette des fraises. Exception faite, bien sûr, de l'affaire impliquant un homme de 47 ans interpellé par les autorités espagnoles.Ce sont également, précise le ministère, les conclusions d’une autre visité effectuée, fin mai, par une délégation du ministère chargée des MRE.
Ainsi, le département de Mohamed Yatim continue d'ignorer les déclarations et plaintes de plusieurs ouvrières qui se disent victimes d'abus et dont les doléances ont largement été relayées par la presse espagnole. Le ministère dit attendre d’avoir des preuves tangibles pour prendre les mesures qui s’imposent.
Par ailleurs, ajoute Al Akhbar, les ouvrières marocaines envoyées dans les champs de fraise, en Espagne, ont commencé à regagner le pays. Les premières saisonnières sont rentrées le 25 mai 2018. L'opération se poursuivra jusqu'au début du mois de juillet.
Le ministère du Travail, cité par le journal, indique qu'il a été procédé à l’organisation du retour de 400 ouvrières dès le 5 juin, à la fin de la période de récolte des fruits rouges dans la ferme concernée par ce scandale.En outre, et d’après les chiffres publiés par le ministère, le nombre des saisonnières engagées dans les champs de fraise en Andalousie est passé d’une moyenne annuelle de 3.000 ouvrières durant ces cinq dernières années à 15.134 ouvrières lors de la saison agricole 2018. Une augmentation importante qui ne manque pas d'interpeller les autorités gouvernementales en charge de la gestion des flux migratoires, et ce dans les deux pays.
Ainsi, pour améliorer les opérations de recrutement des saisonnières dans les exploitations andalouses, les parties concernées ont convenu de mettre en place un mécanisme pour les accompagner durant toute la période de la récole, conformément au système d'intermédiaires mis en place en 2008 et 2009 avec l'appui de l'Union européenne. Ces intermédiaires -des femmes marocaines parlant l'espagnol- seront chargés du suivi des conditions des travailleuses sur place.