La communauté musulmane de Belgique a célébré l'Aïd Al Adha cette année sous le signe du boycott du sacrifice, en raison de la décision des autorités de la Wallonie et de la Flandre d'interdire l'abattage rituel sans étourdissement.A Bruxelles, où l'interdiction n'est pas encore en vigueur cette année, un élan de solidarité, suscité par la décision flamande et wallonne, a remplacé l'ambiance festive habituelle. La communauté musulmane a déserté les lieux d'abattage mis à sa disposition et renoncé au rituel, dénonçant une décision anticonstitutionnelle qui restreint la liberté d'exercice du culte dans un pays où la religion islamique est reconnue officiellement depuis 1974.Si des familles entières ont préféré célébrer la fête dans leur pays d'origine, d'autres ont fêté l'Aïd Al Adha par procuration, en demandant à leurs proches de procéder au sacrifice en leur nom, au Maroc ou en Turquie dont les ressortissants constituent la plus importante communauté en Belgique.Au delà de l'aspect spirituel et symbolique de la fête, le boycott de l'Aïd par la communauté musulmane de Belgique a eu des répercussions dramatiques sur le marché du bétail. Les éleveurs déplorent un manque à gagner énorme. En Wallonie, sur plus de 10.000 têtes vendues habituellement, une centaine seulement a trouvé preneurs.Depuis plusieurs semaines, l'abattage rituel, traditionnellement pratiqué sans étourdissement dans les abattoirs belges, fait débat.Samedi dernier, plusieurs dizaines de personnes avaient manifesté contre cette pratique, au centre de Bruxelles, et appelé au boycott du sacrifice.La législation européenne, rappelle-t-on, prévoit l'obligation d'étourdir les animaux avant l'abattage, sauf pour les rites religieux et à condition que cela soit pratiqué dans une structure agréée.Le Conseil des théologiens de l'Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) avait récemment appelé les gouvernements régionaux à permettre aux Musulmans de s'acquitter de leur rituel "dans des conditions adéquates et de manière sereine".Il a estimé dans un communiqué que "la pratique du culte est un droit garanti par la Constitution belge", invitant la communauté musulmane à veiller à s'acquitter de ce rituel "dans un cadre adéquat et de façon valide du point de vue théologique, à savoir sans étourdissement quelconque".
Le 24/09/2015 à 20h30