C’est là une terrible conséquence, aux effets sociaux déjà bien visibles, de la fermeture du point de passage au préside occupé de Melilla.
Dans la province de Nador, comme dans la ville portuaire de Beni Ansar, il n’y a pas pu y avoir de concrétisation de solutions alternatives, commerciales, économiques, sociales et professionnelles aux habitants de la région, qui pouvaient être des passeurs, à l’origine de la commercialisation, en toute illégalité, de produits de consommation courante issus du marché de l’Espagne toute proche.
Selon Assabah de ce jeudi 4 janvier 2024, dans cette région, «le taux du chômage a considérablement grimpé, les capitaux ne cessent de fuir, le nombre de ‘commerces sédentaires’ continue de diminuer dans les grands centres commerciaux de la province, et plusieurs fonds de commerce mettent la clé sous la porte».
Pour décrire l’ampleur de ce changement opéré dans les échanges économiques de la région, et donc la dégringolade qui caractérise la vie sociale dans la province, des interlocuteurs interrogés par le quotidien citent les conclusions d’une étude de Bilal Bougi, un chercheur en Géographie de l’aménagement et Systèmes d’information géographique (SIG).
Selon cette étude, relayée par Assabah, «en 1985, le nombre de commerçants dans la province était de l’ordre de 9000, dont 4000 résidaient dans la ville de Nador, 1800 dans les centres urbains de Zeghanghane, Laâroui, Selouane et Beni Ansar, et 2300 dans les zones rurales, soit 22% des citoyens actifs de la province».
Cette étude révèle aussi que «ces activités [de contrebande] profitaient à près de 50.000 personnes, soit le quart de la population de la province de Nador».
Aujourd’hui, explique le quotidien, «un sondage révèle que 16,4% des familles interrogées comptent émigrer vers d’autres villes du Royaume, et 11,7% ont déclaré que leurs proches, installés à Nador, l’ont déjà quittée [pour partir] ailleurs».
En ce qui concerne les raisons qui ont poussé ces familles à cet exode, l’étude menée démontre que «32,3% [d’entre les personnes interrogées] sont partis [pour rechercher] du travail, 6,4% pour [aller] investir de l’argent dans d’autres projets fructueux ailleurs, et 51,1% pour améliorer leurs conditions de vie».
Il est donc évident que la non-concrétisation de véritables alternatives aux activités de contrebande qui avaient cours dans la province a eu des répercussions négatives sur l’ensemble des secteurs d’activité de la région, tout particulièrement à Nador, autrefois commercialement très animée. La cité du Nord paraît aujourd’hui en passe de se transformer en ville fantôme, explique Assabah.