Art et artisanat EP-11: à Salé, la djellaba masculine a le vent en poupe

Un artisan à Salé qui vend des djellabas masculines, le 24 mars 2025. (Y.Mannan/Le360)

Le 26/03/2025 à 21h27

VidéoAbdellatif Taous de l’Association des commerçants des kisariats (marchés locaux) de Salé, est formel: la vente de djellabas, tenues traditionnelles pour hommes, connaît une nette progression durant le mois sacré du Ramadan.

Âgé de 80 ans, silhouette droite malgré le poids des années, Abdellatif Taous est une figure bien connue à Salé. Issu d’une vieille famille, il incarne cette génération d’artisans-commerçants pour qui le métier est bien plus qu’un gagne-pain: une transmission de savoir-faire, un héritage familial, presque un sacerdoce. Pendant plusieurs décennies, il a tenu boutique au cœur de la médina historique, dans les ruelles sinueuses chargées d’histoire et de senteurs d’épices, là où résonnent encore les échos d’un artisanat séculaire.

Mais les temps ont changé. «La médina n’est plus ce qu’elle était», confie-t-il avec une pointe de regret. Le lieu, autrefois animé et accueillant, est devenu à ses yeux vétuste, surchargé de commerces, saturé de circulation. «Même trouver une place pour se garer est devenu une galère quotidienne», soupire-t-il. C’est donc par nécessité plus que par envie qu’il a décidé de quitter ce centre historique où il avait bâti sa réputation. Il s’est installé dans le quartier réaménagé de Bettana, un espace plus moderne et structuré, qui attire une clientèle nouvelle, souvent plus jeune et plus mobile.

Mais malgré ce changement de décor, une chose n’a pas bougé. Interrogé sur l’état du marché de la djellaba masculine, il balaie toute inquiétude d’un geste tranquille: «La djellaba n’a jamais connu de crise. Ramadan ou pas, elle se vend toujours. C’est une tenue qui fait partie de notre identité, de notre quotidien.» Son regard s’éclaire: «Oui, hamdoullah», dit-il dans un sourire empreint de fierté.

Dans sa boutique, soigneusement agencée, les tissus sont suspendus comme des œuvres d’art. Il propose une collection variée de djellabas, allant des modèles sobres en laine aux coupes plus modernes, en passant par des pièces raffinées brodées à la main. Mais il ne s’arrête pas là: les babouches (belgha), cousues dans le respect des traditions artisanales, et les fameux tarbouches de Fès, complètent son offre. Des articles qu’il sélectionne lui-même, attentif aux détails, à la qualité des matières et à l’authenticité du geste artisanal.

Pour Abdellatif Taous, ces habits ne sont pas de simples marchandises: ce sont des fragments de culture, des symboles d’élégance marocaine que l’on transmet de génération en génération.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 26/03/2025 à 21h27

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