Il avait toujours un cigare au coin de la bouche, affichant fièrement l’air d’un entrepreneur qui a réussi. Il côtoyait des chefs d’entreprises et de nombreux hommes d’affaires, bref presque tout le gotha économique de Casablanca. Connu pour d'apparents sérieux et honnêteté, il était en fait unvéritable escroc dont personne ne se doutait. Ce n’est donc pas surprenant que sa subite disparition, lundi, ait alerté tout le monde. Le choc est encore plus dur lorsqu’on s’est aperçu qu’il a filé avec un butin de 11 millions de dirhams, selon les premières estimations, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 12 et 13 mars.
L'individu a été vu pour la dernière fois dans le hall de départ de l’aéroport Mohammed V alors qu’il s’apprêtait, sans doute, à quitter le pays après avoir arnaqué de nombreuses personnes. La liste de ses victimes ne cesse de s’allonger de jour en jour et compte notamment des cambistes, des concessionnaires automobiles, ainsi que de simples citoyens désireux de faire fructifier leurs économies.
Sa méthode était plutôt simple: il «empruntait» des devises auprès des bureaux de changes qu’il promettait de rembourser à un taux alléchant. Il prétendait vouloir échanger un euro contre 12 DH, alors que la monnaie européenne s’échange sur le marché conventionnel aux alentours d'un peu moins de 11 DH.
Chez les concessionnaires, il usait de son statut de patron d’une agence de location de voitures pour faire de grosses commandes de voitures qu’il revendait aux particuliers à moitié prix. C’est ainsi qu’il avait fait une grosse acquisition auprès d’un concessionnaire de voitures allemandes pour trois millions de dirhams qu’il n’a pas honorée. Il a fait de même chez un concessionnaire de voitures italiennes et d’autres revendeurs. Dans tous les cas, il cèdait les voitures à moitié prix sans régler ses factures auprès des concessionnaires.
Pour les particuliers, il leur faisait miroiter un retour sur investissement mirobolant, qui pouvait aller jusqu’à 10% par mois. Ce qui revenait à un taux de rentabilité annuel de 120%. Il a même mis en place un barème pour cela. Un dépôt de 300.000 DH rapporterait, ainsi, 10.000 DH chaque mois pour ses clients avec la garantie de leur restituer leur capital à tout moment. Bien sûr, les gains étaient plus importants si l’investissement de départ etaitconséquent. Pour ceux qui lui confiaientt une somme de 1 million de DH, par exemple, ils leur promettait d’empocher 100.000 DH par mois. Pour 3 millions de DH, les gains s’élèveraient à 300.000 ...
L’appât du gain aidant, la liste de ses victimes n'a cessé de s’allonger faisant fructifier ses affaires et grossir son compte bancaire. Mais ce stratagème ne pouvait durer. Il risquait à tout moment d’être démasqué. C’est ainsi qu’il a choisi la fuite, laissant ses victimes, incrédules, dans la tourmente. Et jusqu’à hier, jeudi, ils se demandaient encore comment ils allaient bien récupérer leurs économies. Mais l’affaire risque de se compliquer encore plus depuis que l'escroc a pris la poudre d'escampette.
