C’est un vrai scandale dans le monde médical au Maroc. Le propriétaire de la clinique privée Chifaa, le chirurgien plasticien El Hassan Tazi, son épouse, et six autres employés de son établissement sont impliqués dans une affaire de fraude aux soins et escroquerie.
En tout, huit individus ont été déférés le samedi 2 avril dernier devant le parquet près la Cour d’appel de Casablanca. A la publication de ces lignes, cinq des huit personnes, dont l’épouse d'El Hassan Tazi, vont comparaître en état d’arrestation.
Lors de son arrestation, Mounia Tazi aurait sombré dans une crise de nerfs, juste avant son placement en garde à vue, tandis que son époux, directeur de la clinique Chifaa, est, lui, poursuivi en état de liberté.
Avec cette affaire qui vient d’éclater, c’est toute la réputation de celui qui se plaisait à se faire appeler le chirurgien des pauvres, qui vient de recevoir un énorme coup de scalpel. El Hassan Tazi avait pourtant construit sa renommée au fil des ans et son expérience auprès des plus démunis.
Plusieurs victimes d’agressions lui lançaient des appels et le nommaient dans des vidéos sur les réseaux sociaux afin qu’il parte à leur rescousse. Sa réaction était presque immédiate et le processus de sa prise en charge à titre gracieux entamé, puis relayé sur les médias et les réseaux sociaux.
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El Hassan Tazi s'était ainsi forgé une réputation de bon samaritain qu’il veillait scrupuleusement à alimenter à travers ses virées soufies à Madagh, dans le temple de la Tariqa Bouchichia, dont il est un fervent adepte.
Hier, dimanche 3 avril, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a indiqué que l’enquête avait révélé l’implication des mis en cause dans la constitution d’une bande criminelle visant à collecter des sommes d’argent auprès de bienfaiteurs, sous couvert de s’acquitter de frais d’hospitalisation de patients démunis, soignés dans la clinique où exercent la majorité des suspects. Ces derniers s’appliquaient à gonfler frauduleusement les factures afin de soutirer d’importantes sommes d’argent, à raison de 200.000 dirhams par jour.
Les premiers éléments de l’enquête menée par la Brigade nationale de la police Judiciaire ont permis d’interpeller la principale prévenue, qui ne serait autre que l’épouse d'El Hassan Tazi. C’est elle, selon les investigations de la Sûreté nationale, qui entretenait des contacts privilégiés avec les supposés patients et les prenaient en photos sous prétexte de leur venir en aide.
Le communiqué précise qu’elle se servait de ces photos pour récolter des dons importants et justifiés, moyennant des factures falsifiées et de faux rapports et bilans médicaux, en complicité avec ses acolytes. L’un des frères du chirurgien serait également impliqué dans cette affaire.