A contempler les mines déconfites des candidats à un visa Schengen pour la France, à leur sortie des locaux de TLS Contact, il est facile de comprendre que leur demande vient d'essuyer un refus.
C'est en effet une véritable nuée de personnes en colère que les passants peuvent voir chaque jour devant la porte de TLS Contact, boulevard Abdelmoumen, à Casablanca, le prestataire en charge de la réception des demandes pour un visa Schengen. Leur dossier à la main, dans une file d’attente, les candidats à ce visa attendent patiemment leur tour, soit pour déposer leur demande, soit pour connaître la réponse, après avoir effectué cette démarche, à la fois stressante et incertaine.
Un bon nombre de Marocain(e)s que Le360 a rencontrés, jeunes ou non, ont dû essuyer un refus. La frustration et la fatigue se laissent deviner chez Salma, 24 ans. Cette jeune femme pourrait bien ne pas pouvoir entamer des études en économie en France, un premier refus lui ayant déjà été signifié. Mais ce camouflet est bien loin de la décourager.
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«J’ai déposé mon dossier le 20 juillet 2022. Mon dossier était solide et complet. Je ne m’attendais pas à ce refus puisque je bénéficie de deux garants solvables. En plus, j’ai bloqué une importante somme d’argent sur mon compte lequel, du reste, est suffisamment crédité», témoigne-t-elle.
Mais l’attrait des amphis français semble plus fort que la résignation: «aujourd’hui, je vais tenter ma chance pour la deuxième fois, même si je suis certaine que l’obtention du visa est devenue impossible dans les circonstances actuelles», explique-t-elle.
Par «circonstances actuelles», Salma entend la décision de Paris, en septembre 2021, de réduire de moitié le nombre de visas accordés aux Marocains comme aux Algériens et de 30% pour les Tunisiens. La raison qui avait invoquée par Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement français à cette période, serait le refus ou les blocages de ces pays quant au retour sur leur sol de leurs ressortissants en situation irrégulière. Cependant, et avant même l'entrée en vigueur de cette mesure, la France n’a délivré, en 2031, que 69.408 visas aux Marocains, un chiffre en baisse de 29,6% comparativement à 2020.
Contrairement à cette étudiante, qui veut garder un mince espoir d’obtenir son visa, Abdellah, lui, n'en a plus guère, puisqu'il a déjà essuyé deux refus, dont un premier en 2020. Dépité, ce jeune homme de 34 ans qualifie ce refus catégorique d’«injustifié» de la part des autorités consulaires françaises.
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«Je ne comprends pas pourquoi j’ai eu deux refus, alors que mes amis, qui ont suivi la même procédure, sont déjà partis. Mon dossier est complet. Je trouve que l’obtention du visa est devenue un pur hasard», dénonce Abdellah, qui ne cherche pas à dissimuler sa frustration.
Un constat également partagé par les patrons d'agences de voyage, interrogés par Le360. «Nous avons constaté que plusieurs demandes de visa Schengen ont été rejetées pour les étudiants, touristes, chauffeurs et hommes d’affaires qui ont dû annuler la réservation de leur billet d’avion et d’hôtel», explique Hassan El Outmadi, directeur d’une agence de voyage.
Il estime que cette situation ne fait que réduire l’activité touristique, après deux années catastrophiques pour cause de pandémie de Covid-19.
«Dernièrement, nombreux sont ceux qui s’indignent de ces rejets inexplicables. Cette situation nous impacte négativement. Nous espérons que les autorités concernées réagiront rapidement pour trouver une solution», confie Bouchaib Kessou, quant à lui gérant d’une agence de voyage.
Cette décision de réduire le nombre de visas est «drastique», comme l'avait déclaré Gabriel Attal. Une décision qui s’est étendue à l’ensemble des catégories sociales, créant une certaine aversion pour la France, auparavant destination privilégiée des Marocains.