Relayée par Jeune Afrique, une récente enquête d’Arab Barometer révèle un changement majeur dans les préférences des pays d’immigration pour les Marocains. Ainsi, pas moins de 26% des Marocains qui envisagent de s’expatrier choisiraient, s’ils le pouvaient, l’Amérique du Nord. Les États-Unis et le Canada les attirent plus que la France (à raison de 23% d’entre les sondés).
Certes, il y a près de 150.000 Marocains qui vivent aujourd’hui aux États-Unis, bien loin du million et demi de Marocains installés en France. Et ce nombre est appelé à augmenter car, depuis 2018, les Marocains sont, de tous les étrangers, ceux qui bénéficient du plus grand nombre de nouveaux titres de séjour français.
Cependant, depuis quelques décennies, «de plus en plus de Marocains ont été naturalisés américains. Selon le Département de la sécurité intérieure des États-Unis, ils étaient moins de 5.000 au cours des années 1980, contre plus de 40.000 pour la période 2000-2009».
Cette différence tient plutôt au fait que ceux qui partent pour les États-Unis sont porteurs d’un véritable «projet migratoire». Et chacun a bien sûr en tête les succès de la diaspora marocaine aux États-Unis dans les technologies de l’information ou encore l’hôtellerie. Les nouveaux arrivants travaillent souvent dans la vente, les services, la gestion, signale Jeune Afrique.
Cette population est généralement titulaire d’un diplôme de fin d’études secondaires ou d’une expérience professionnelle équivalente, conditions requises pour pouvoir obtenir un titre de séjour, ou Green card, qui leur vaut un statut de résident permanent.
«Un précieux sésame dont les Marocains profitent pleinement depuis l’instauration, en 1995, du Diversity Immigrant Visa Program», écrit Jeune Afrique.
Ce dispositif permet de délivrer près de 50.000 visas annuellement aux candidats de pays dont le taux de migration vers les États-Unis est assez faible.
Résultat, les Marocains se ruent «sur cette chance», selon Jeune Afrique, à tel point que, pour la loterie de 2025, le Maroc sera l’un des pays d’Afrique qui disposera du quota le plus bas.
Autre élément qui pousse les Marocains à lorgner vers l’Amérique: le sentiment que la société française est de plus en plus xénophobe, rongée par l’islamophobie.
«L’opinion marocaine est en effet attentive aux débats de société qui agitent les pays d’accueil potentiels. En témoigne la forte baisse des candidatures marocaines à la loterie de la green card depuis 2016, date à laquelle la rhétorique anti-immigration de Donald Trump a pris de l’ampleur», indique Jeune Afrique.
Désormais, le nombre de visas que les États-Unis accordent à des Marocains ne fait que croître: ils étaient 4.065 en 2023, soit plus que Syriens et Libanais réunis, qui forment traditionnellement le gros des contingents arabes Outre-Atlantique.