Dans un entretien avec Le360, Oumeyma Achour, Oumeyma Achour, figure de proue de la défense des droits de la femme au Maroc et ancienne présidente de l’association Jossour, salue les avancées contenues dans la réforme du Code de la famille, en faveur de liens familiaux plus équitables. Professeure de droit à la faculté de Rabat-Agdal, elle s’exprimait au lendemain de la publication des principaux points dévoilés par la commission ad hoc créée en 2023 par le roi Mohammed VI.
«Cette réforme est très précise, car elle fixe à 18 ans l’âge minimum du mariage des filles, au lieu des 16 ans, voire moins, comme cela se pratique encore aujourd’hui», souligne-t-elle, rappelant que c’était «l’une des principales revendications des ONG féminines».
Parmi les autres avancées, notre interlocutrice mentionne «l’octroi de la tutelle légale à la mère chargée de la garde de l’enfant, même en cas de remariage». Elle évoque également «l’exclusion du foyer du champ de l’héritage et la possibilité de conclure l’acte de mariage sans la présence de deux témoins pour les Marocains résidant à l’étranger».
La militante salue également le fait que le Code de la famille restreint davantage la polygamie, et qu’il reconnaisse «le travail de l’épouse au sein du foyer comme une contribution au développement des biens acquis durant la relation matrimoniale». Par ailleurs, une commission de réconciliation, formée de magistrats, sera instituée au sein des tribunaux de la famille pour favoriser une meilleure harmonie des relations conjugales.
En revanche, l’héritage n’a pas été concerné par la réforme. La femme non musulmane ne peut toujours pas hériter, mais bénéficie désormais d’un droit à la concession (ou donation) au moment du mariage ou avant le décès de l’époux. Ce dispositif s’applique aussi dans le cas où un père décède en laissant uniquement des filles comme héritières.
«Il y a de nombreux points positifs, mais lorsqu’il s’agit du Code de la famille, il est nécessaire d’avancer progressivement. Les mentalités doivent évoluer en même temps que la société, pour faciliter l’adoption de solutions juridiques. Cette réforme est une étape importante dans la construction d’une famille forte, harmonieuse basée sur l’égalité, la cohésion et la justice», conclut-elle.