Sommes-nous passés d’une pandémie mondiale à une épidémie qui touche principalement les non-vaccinés, y compris au Maroc? La question ne s’est jamais autant posée que ces derniers jours suite à l’aggravation de la situation sanitaire dans le royaume et ailleurs.
Dans son édition du vendredi 23 juillet, Al Ahdath Al Maghribia s’intéresse aux dernières évolutions de la situation sanitaire. D’emblée, on rappelle les chiffres qui ont récemment poussé les pouvoirs publics à adopter de nouvelles restrictions. Actuellement, les nouvelles contaminations frôlent la barre des 4.000 personnes par jour, tandis que les décès sont aux alentours de 12 quotidiennement. Selon la publication, ces chiffres sonnent comme une mise en garde sanitaire qui s’ajoute à celle des pouvoirs publics qui appellent les citoyens à plus de vigilance. D’autant plus que le nombre de cas actifs ne cesse d'augmenter, dépassant désormais la barre des 22.000 personnes. Il en est de même pour les cas graves nécessitant une prise en charge hospitalière. Ils sont désormais plus de 527, dont 22 sous respiration artificielle, soit un taux d’occupation des lits dédiés aux patients Covid-19 dans les hôpitaux, qui dépasse les 16%.
Pour le professeur Azzedine Ibrahimi, cité par le journal, il ne fait aucun doute que ces chiffres sont la conséquence d’une nouvelle vague qui ne touche pas seulement le Maroc, mais qui est mondiale. Elle était même prévisible, au regard de la levée progressive des mesures de restrictions sanitaires un peu partout. Néanmoins, cette vague a eu pour particularité de diviser le monde en deux catégories, souligne le spécialiste: ceux qui sont vaccinés et ceux qui ne le sont pas. Pour preuve, les pays où le taux de vaccination est le plus élevé enregistrent certes une hausse des contaminations, mais les décès ne sont plus aussi nombreux qu’ils ne l’ont été lors du pic de la pandémie.
Al Ahdath al Maghribia ajoiute que, la vaccination est aujourd’hui le mur qui doit être dressé devant la Covid-19. Cela rejoint d’ailleurs les appels du ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, qui a appelé mercredi dernier les citoyens à adhérer en masse à la campagne de vaccination. Le ministre en a même profité pour révéler une statistique très parlante: une grande partie des personnes hospitalisées actuellement à cause de la pandémie font partie des plus de 50 ans qui ont raté leur rendez-vous de vaccination. Selon Khalid Ait Taleb, certaines des personnes hospitalisées aujourd’hui n’ont pas été vaccinées tout simplement parce qu’elles espéraient se faire vacciner par un autre vaccin que celui qui leur a été proposé! Pourtant, au stade actuel, tous les vaccins utilisés au Maroc sont efficaces et auraient pu prévenir l’hospitalisation de ces personnes.
Ce type de comportement présente réellement un risque pour ces personnes, mais aussi pour tout le système de santé qui risque d’être de nouveau mis à mal si la nouvelle vague persiste. Pourtant, jusque-là, le Maroc faisait office de bon élève en la matière, avec les quantités importantes de vaccins que les pouvoirs publics ont pu assurer en dépit du contexte difficile d’approvisionnement. Ces efforts lui valent aujourd’hui une reconnaissance à l’échelle mondiale, comme aux États-Unis qui placent le Maroc dans sa liste verte.
Dans le même sens, et contrairement à plusieurs autres pays, des sondages font état de la prédisposition de près de 80% de la population nationale à se faire vacciner, ce qui serait un pas de géant dans la lutte contre la pandémie. Néanmoins, cela ne justifie nullement un relâchement, comme le rappelle le professeur Ibrahimi. Le respect des mesures barrières ainsi que les autres dispositions instaurées par le gouvernement sont nécessaires pour réussir le challenge, et cela passe aussi par le maintien des efforts de sensibilisation.