Crédit du Maroc doit-il revoir son dispositif de gestion des risques de détournements dans ses agences bancaires ? En tout cas, le nombre d’affaires du genre se multiplie chez la filiale du groupe français Crédit Agricole.
Le360 a appris que la direction de la banque vient de déposer une plainte après la découverte du détournement de 460.000 DH d’une de ses agences à Casablanca. C’est la deuxième plainte qui concerne la même agence, après une première déposée récemment contre un collaborateur soupçonné également d’être derrière un détournement.
Selon nos informations, les faits remontent au mercredi 1er février dernier, lorsque l’agence a déclaré un déficit de 460.000 DH dans ses caisses. Comme le veut la procédure, une mission d’inspection a été immédiatement diligentée et a constaté que le montant des encaissements de l’une des deux caisses de l’agence saisi sur le système d’information de la banque était inférieur à celui des encaissements réels effectués.
Une vérification ayant eu lieu le 26 janvier sans déceler d’anomalie, les inspecteurs se sont donc logiquement intéressés à ce qui s’est passé entre cette date et le jour de la découverte du détournement.
Lire aussi : Crédit du Maroc: 430.000 DH détournés dans une agence à Casablanca
Nos sources expliquent que l’inspection a d’abord constaté, d’après les témoignages des collaborateurs, que le responsable de la caisse en question était censé s’absenter pendant trois jours pour cause de maladie. Sauf qu’il a repris son travail un jour avant, soit le jour où le déficit a été constaté.
Lors de son entretien avec les inspecteurs, il aurait expliqué que c’est sur l'insistance de l’un de ses collaborateurs qu’il a suspendu son congé maladie. Mais autre surprise pour les enquêteurs: ce responsable de caisse leur apprend qu’il avait été contacté une première fois par un autre de ses collègues le deuxième jour de son congé (soit le 31 janvier), afin qu’il se présente à l’agence pour répondre à la requête d’un grand client qui souhaitait effectuer une grosse opération. Or, quelques instants plus tard, la responsable des opérations au niveau de l’agence lui ordonne de ne pas se présenter ce jour-là.
C’est d’ailleurs vers cette dernière piste que s’orientent après les inspecteurs.
Une vérification du contrôle du coffre fort de l’agence a permis de découvrir que le compartiment réservé à la caisse ayant enregistré le déficit ne disposait que d’une clé normale, que l’on peut par conséquent facilement reproduire. Ce n’était pas le cas de l’autre caisse, la principale, qui elle disposait d’un dispositif plus sophistiqué.
Pire encore, interrogé s’il avait l’habitude de prêter sa clé, le caissier a d’abord nié, avant de reconnaître aux inspecteurs qu’il arrivait que la responsable des opérations l’utilise également.
Ceci se serait d’ailleurs confirmé lors du visionnage des enregistrements vidéo, puisque la responsable a été filmée utilisant cette clé. Les soupçons se sont renforcés lorsqu’elle est apparue sur les images entrant dans l’agence avec un sac en plastique qu’elle a remis, la veille de la découverte du détournement, à une personne externe qu’elle a présentée comme le coursier de l’entreprise où travaillait sa cousine. Elle se serait justifiée en expliquant que le sac en question contenait des vêtements qu’elle souhaitait envoyer à sa cousine.
Même si le flou entoure le comportement de cette responsable les jours où le détournement a été fait, la plainte du Crédit du Maroc n’accuse personne et est déposée contre X. Son traitement par les services de police permettra certainement d’y voir plus clair.