La filière apicole traverse actuellement une grave phase de crise au Maroc. L’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), a précisé dans un communiqué émis vendredi 21 janvier dernier, que la crise apicole actuelle est principalement due à un phénomène bien connu: le «syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles», déjà constaté dans des pays d'Europe, d'Amérique et d'autres pays d'Afrique.
Après la disparition constatée d'un nombre important d'abeilles de différentes espèces dans plusieurs régions du Maroc, un journaliste envoyé par Le360 s'est rendu dans une coopérative spécialisée dans l'apiculture, près de Benslimane, afin d’identifier les différentes causes ayant conduit à cette crise, qui peut causer des problèmes environnementaux majeurs si aucune solution n'est entre-temps trouvée.
«Les conditions climatiques au Maroc contribuent aux problèmes rencontrés par les apiculteurs, notamment avec les années successives de sécheresse, qui semble être une des principales raisons de la faible immunité des abeilles, qui deviennent vulnérables à un certain nombre de maladies, qui ne peuvent être traitées à cause du manque de pollen», révèle Khadija El Heni, responsable de la coopérative féminine d'élevage d'abeilles rouges à Benslimane, filmée par Le360.
«Les abeilles meurent chaque année pour diverses raisons, mais cette année est exceptionnelle, en raison de la disparition des abeilles de ruches. C’est un phénomène étrange, car la reine se retrouve seule dans la ruche, et toutes les abeilles [de la ruche] ne reviennent pas. Nous avons du mal à identifier la cause de cet effondrement et à trouver le traitement adéquat qui lui convient. C’est vraiment catastrophique, car les abeilles contribuent à l'équilibre écologique. Leur rôle dans l'environnement est important et sans elles, il n'y a pas de vie», décrit-elle.
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Ben Lahcen Kassab, membre de la coopérative agricole Oiseaux de Benslimane pour l'apiculture, explique, lui, qu'«il existe un virus qui affecte les ruches et entraîne la destruction de celles-ci. Ce virus s’est propagé à cause de certains pesticides utilisés par certains éleveurs, lesquels ont fragilisé l'immunité des abeilles dans plusieurs régions du Maroc».
Selon l'ONSSA, s'ajoutent à cela plusieurs autres facteurs, dont la faiblesse des précipitations, la diminution de la quantité et de la qualité de l'alimentation disponible pour ces insectes pollinisateurs, ou encore l'état de santé des abeilles dans les ruches et les méthodes de prévention suivies par les apiculteurs.
Devant la gravité de cette situation, qui menace l'équilibre écologique au Maroc, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a tenu pas plus tard que samedi dernier, 29 janvier 2022, une séance de travail avec le ministre de l'Agriculture, Mohamed Sadiki.
En présence du directeur général de l’ONSSA, et du directeur central des filières de production du ministère de l'Agriculture, ces responsables ont attentivement étudié la situation actuelle du syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, afin de prendre des mesures immédiates.
Un comité a d'ores et déjà été formé par l'ONSSA. Ses membres ont élaboré un programme spécial, auquel sera alloué un budget de 130 millions de dirhams, afin de soutenir les apiculteurs touchés par cette crise, pour qu'ils puissent reconstituer leurs ruches.