Égalité entre hommes et femmes dans l’héritage: les Marocains la refusent toujours

Une mère et son fils à Rabat, le 16 juin 2020.

Revue de presseEn ce qui concerne la réforme de la Moudawana, l’une des principales revendications des ONG, soit l’égalité de l’héritage entre hommes et femmes n’est pas acceptée par la majorité des Marocains, selon la dernière enquête de L’Économiste-Sunergia. Une revue de presse issue d’Al Ahdath Al Maghribia.

Le 29/01/2024 à 20h02

Malgré les revendications portées par plusieurs associations et de nombreuses ONG dans le contexte de la réforme de la Moudawana, la société semble encore hésitante, voire réticente, à propos de certaines mesures perçues comme étant sujettes à polémiques, conclut la dernière enquête de L’Économiste-Sunergia, relayée par Al Ahdath Al Maghribia de ce mardi 30 janvier 2024.

Parmi les mesures qui font polémique dans la société, la principale concerne l’égalité des parts d’héritage entre hommes et femmes. Pourtant revendiquée par plusieurs associations et ONG auditionnées par l’instance chargée de la révision du Code de la famille, cette mesure est acceptée par seulement 24% des personnes sondées. Et de fait, 7 Marocains sur 10 s’opposent à l’instauration de l’égalité entre hommes et femmes dans le droit successoral.

En ce qui concerne les hommes, l’enquête de L’Économiste-Sunergia indique que 76% des personnes interrogées se sont prononcées contre le principe de l’égalité entre hommes et femmes dans l’héritage.

Et en tout, 62% des femmes se sont prononcées, elles aussi, contre l’égalité entre les genres dans les dispositions du droit successoral.

Par tranches d’âges, le taux le plus élevé d’avis favorable à cette évolution concerne les séniors de plus de 65 ans, soit 36% des personnes sondées. Pour les plus jeunes (d’une tranche d’âge comprise entre 18 et 24 ans), 34% sont favorables au principe de l’égalité des genres dans l’héritage.

Les données recueillies pour cette enquête indiquent que l’évolution dans le monde rural est plus importante que dans les villes. Ce sont ainsi 31% des personnes sondées dans le monde rural qui se sont prononcées en faveur de l’égalité dans l’héritage, contre 20% des citadins.

Par Catégories socioprofessionnelles (CSP), la résistance à ce changement change d’une catégorie à l’autre: ce sont ainsi 65% des personnes appartenant aux CSP D et E, qui se sont prononcées contre ce principe d’égalité des genres dans l’héritage, contre 78% pour les CSP A et B.

Contrairement à la question de l’héritage, qui continue de diviser la société, l’enquête de L’Économiste-Sunergia indique qu’un consensus semble se dessiner à propos de la réforme du système de la tutelle légale des enfants: selon cette enquête, 74% des sondés pensent que les mères doivent bénéficier du statut de tuteur légal de leurs enfants, au même titre que leur père.

Par Khalil Rachdi
Le 29/01/2024 à 20h02