Le requin tombé dans les filets des services marocains, hier, mercredi 29 mai, est d'une dangerosité telle que la nouvelle de son arrestation a fait aujourd’hui la Une des principaux titres de la presse italienne. Les dernières indiscrétions laissent entendre que l’arrestation de ce gros bonnet de la mafia napolitaine aurait même été fêtée hier par la police italienne.
L’annonce de cette arrestation a été faite par la DGSN aussitôt après la capture de Raffaele Vallefuoco, au niveau de Tanger (et non à Skhirat, près de Rabat, comme certains confrères italiens l'ont écrit ce jeudi matin!).
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Crâne un peu dégarni, yeux marrons, Raffaele, 56 ans, est l’un des fidèles du très redoutable clan Polverino de la Camorra, l’une des plus vieilles (née à la fin du XIXè siècle) et des plus sanglantes organisations criminelles d’Italie, basée à Naples. Pour s’en apercevoir, il suffit de constater que le chiffre d'affaires annuel de la Camorra atteint une fourchette comprise entre 3,8 et 12,5 milliards d’euros!!
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Le pedigree de Raffaele Vallefuoco, dont l'arrestation a été effectuée par des éléments de la BNPJ, en coordination avec le service préfectoral de la Police judiciaire de Tanger, sur la base d’information précises fournies par la DGST, permet de connaître un peu mieux le mode opératoire de cette organisation napolitaine, la Camorra. Homicides, extorsion, usure, détention illégale d’armes, trafic de drogue, transfert illégal de fonds illicites provenant d’activités immobilières, financières et commerciales…
La Camorra, dont Raffaele Vallefuoco dirige l’un des réseaux, n’épargne ainsi aucun moyen pour amasser des fortunes colossales.
Mais voilà, une question s'impose: comment Raffaele Vallefuoco, qui figurait sur la liste des 50 mafiosi les plus recherchés par l'Italie (et par Interpol), a-t-il pu glisser entre les mailles des filets des Carabiniers?
Comment Rafaele Vallefuoco a-t-il pu s’évader hors d’Italie et s’installer en Espagne?Il faut d’abord noter qu'un important flux de mafiosi italiens vers l’Espagne, notamment le sud, s'est enclenché il y a au moins une douzaine d’années, plus préciséent à partir de 2007. Nous sommes à la veille de la crise financière internationale inédite, qui a explosé en 2008. L’Espagne n’était en effet pas à l’abri de cette lame de fond, à l’origine de l’explosion de sa bulle immobilière et du rush impressionnant et tous azimuts pour s'offrir des résidences à très bas prix sur les magnifiques côtes espagnoles.
Visés par une campagne policière inédite en Italie (saisie de terrains, d'immeubles, de sociétés, d'activités commerciales, de véhicules et d'embarcations appartenant au clan Polverino pour une valeur totale estimée à un milliard d’euros), le clan Polverino a alors mis le cap sur le sud de l'Espagne, devenue, depuis, sa base-arrière pour le trafic du cannabis marocain vers l’Italie.
Il faut noter que Rafaele Vallefuoco a été aperçu en 2012 à Jerez de la Fontera, une ville située dans la région de l’Andalousie, en compagnie de son patron Giuseppe Polverino, alias «O Barone», qui n’est autre que le chef du Clan «Polverino», l’une des ramificationns de la «Camorra», dont la spécificité est d’être une mafia urbaine, contrairement à ce qu'est l’essentiel des autres branches mafieuses. Il a même été arrêté par des éléments de la Garde civile, mais sans résultat aucun. Il a aussitôt été libéré pour "vice de forme". Seul un parmi ses nombreux complices a été maintenu en prison pour le seul motif (!) de détention illégale d’armes!
Libre, Rafaele Vallefuoco a disparu des écrans radar depuis 2012. Une disparition dans la nature qui a amené à s’interroger sur la date et la manière dont il se serait introduit au Maroc. A-t-il emprunté la piste (poreuse) des présides occupés de Sebta et Mellila? A-t-il bénéficié de complicités espagnoles pour s'infltrer dans le royaume? Qu'en est-il de ses collaborateurs marocains?
L’enquête diligentée par la DGSN promet de dévoiler bien des secrets sur les ramifications marocaines de cette mafia, notamment en ce qui concerne le trafic international de drogue.