S'exprimant mercredi dernier devant un colloque organisé à Agadir, le ministre Mohamed Moubdie a surpris l'assistance en révélant que lui-même et son département n'étaient pas parvenus à remettre de l'ordre dans le dossier des fonctionnaires malhonnêtes, rapporte Al Massae dans son numéro de ce vendredi 15 mai.«Il y a des fonctionnaires décédés dont les émoluments et le salaires continuent d'être versés par le ministère des Finances», a révélé le ministre. Mohamed Moubdie est allé encore plus loin en faisant endosser une grande part de responsabilité au ministère de Mohamed Boussaïd. Celui-ci «ne contrôle pas la masse salariale pour déterminer qui des fonctionnaires n'assument pas effectivement leur mission», selon M. Moubdie cité par le journal.
Le ministre a avancé des chiffres qui parlent d'eux-mêmes. En 2013, a-t-il rappelé, la liste des «fantômes» compte quelque 574 fonctionnaires, sur une estimation totale de 830 agents publics posant un problème de loyauté.
«Aujourd'hui, 181 d'entre eux continuent de percevoir leurs salaires».
L'absentéisme est un autre phénomène grave dans la fonction publique, d'apès le ministre qui a annoncé la promulgation prochaine d'un décret qui mettra fin à l'impunité en exigeant des chefs de départements de mener une lutte implacable non seulement contre les fonctionnaires fantômes mais également l'absentéisme.
Cette stratégie de lutte, estime Mohamed Moubdie, passera notamment par l'encouragement au redéploiement des fonctionnaires à travers les services extérieurs et les régions.
Le ministre haraki a en outre livré un chiffre impressionnant concernant la masse salariale réservée aux fonctionnaires. L'État a débloqué en 2014 quelque 104 milliards de dirhams, soit une hausse des dépenses de 11,7 % entre 2007 et 2014.
Il a aussi évoqué la réforme du régime de la retraite de la CMR (publique), indiquant que quelques 90.000 nouveaux retraités quitteront la fonction publique entre 2015 et 2017, d'où la nécessité impérieuse d'entreprendre une réforme sans tarder.
À noter que les fonctionnaires fantômes semblent plus nombreux dans les collectivités locales, selon les observateurs. La presse évoque le chiffre de 90.000 fonctionnaires fantômes dont 2.000 localisés à Casablanca où ils sont dûment payés par les conseils communaux. Il faut aussi rappeler que l'effectif des fonctionnaires civils et agents de l'État s'élève à un total de 840.000 personnes, y compris ceux de la police et de l'armée.