Intempéries à Tata: le récit des premières heures après le drame

Les autorités locales surveillant une route coupée à la suite des inondations survenues dans la province de Tata, le 20 septembre 2024. (M.Oubarka/Le360)

Le 21/09/2024 à 13h02

VidéoLe destin a frappé, une nouvelle fois, sans prévenir dans la province de Tata. Des pluies torrentielles, survenues hier vendredi 20 septembre, ont provoqué des crues de cours d’eau et des inondations soudaines, entraînant des décès, des disparitions et des coupures de routes. Des familles attendent encore des nouvelles de leurs proches. Témoignages.

De fortes pluies orageuses ont déclenché hier, vendredi 20 septembre, des inondations dévastatrices dans la province de Tata, entraînant des pertes humaines, dont la disparition de plusieurs passagers d’un autocar emporté par les eaux en furie. Rongées par l’angoisse, les familles des victimes attendent désespérément des nouvelles de leurs proches, suspendues à l’espoir ténu d’un miracle.

Sur place, le spectacle est apocalyptique: des maisons éventrées, des rues transformées en torrents, des ponts effondrés. L’oued Tata, habituellement tranquille, s’est mué en piège mortel pour tout ce qui se trouvait sur son passage lors de la crue.

Ali Charoukh, père d’une jeune disparue, espère toujours retrouver sa fille saine et sauve. Au moment du drame, il se trouvait à Settat, à plusieurs heures de route, en pleine journée de travail. À 21h00, il a reçu un appel qu’il n’oubliera jamais. «Ma fille m’a appelé, elle était en panique. Elle m’a dit qu’un autocar avait été emporté par les crues. “Papa, viens nous sauver“, me répétait-elle», raconte-t-il, le regard vide.

Ali dit ne pas avoir pas hésité une seconde: «Je n’ai pas réfléchi. J’ai tout laissé tomber et pris la route immédiatement». Mais en arrivant, tout était déjà submergé, les routes étaient coupées et l’accès devenu impossible. Depuis ce moment, il attend et continue à espérer, malgré l’absence de toute information: «Je suis toujours là, à attendre des nouvelles d’elle… Mais il n’y a rien. Pas un signe, pas une trace

Zina Ben Taleb, autre habitante de la région, décrit une situation chaotique dans son village. «Je suis venue de Rabat en vitesse... La route menant à Tata depuis Tizaghte est bloquée. Les gens n’ont pas trouvé où passer la nuit. Certains sont venus sans nourriture, sans rien pour se couvrir. Nous avons peur pour nos proches. L’incertitude et l’angoisse nous pèsent énormément», confie-t-elle, le visage marqué par la fatigue, tendu par l’inquiétude.

Lahcen Fariss, issu du même douar, exprime lui aussi son impuissance face à la situation: «Nous voulions rejoindre nos proches, aller voir notre cheptel… mais c’est impossible, car la route est coupée.»

En étroite collaboration avec divers intervenants, les autorités s’activent pour tenter de retrouver les disparus, et des moyens humains et logistiques importants ont été déployés. En attendant, dans la province de Tata, les familles des victimes s’accrochent à l’espoir d’une bonne nouvelle, d’un appel qui viendrait les alléger de leur fardeau d’angoisse…

Par M'hand Oubarka
Le 21/09/2024 à 13h02