Dans le port de Casablanca, les préparatifs battent leur plein parmi les pêcheurs pour prendre de nouveau le large. Un groupe d’embarcations est quasiment paré pour la sortie en mer, et le dense va et vient des marins donne aux quais les airs d’une véritable fourmilière. Dans le sens opposée, des chalutiers sont en train de décharger leur cargaison.
Des pêcheurs s’affairent à trier par espèce la prise du jour, avant de placer les poissons dans des cageots remplis de glace. À l’écart de ce brase-bas de combat, d’autres marins sont occupés à réparer les filets et cordages endommagés pour la prochaine sortie, qui s’annonce déjà.
Tous s’accordent sur un regret, vécu au quotidien: que leur ramadan soit si singulier, et qu’il n’y a «rien de mieux que de passer le mois sacré en famille, dans une ambiance conviviale», confirme Abdelhaq, capitaine marin que Le360 a interrogé.
«Durant ramadan, nous passons à côté de tellement de choses qui font l’atmosphère spéciale de ce mois. Nous manquons la chaleur, l’ambiance familiale et les prières des Tarawih. Nous aurions aimé pouvoir vivre ces moments entourés de nos proches, mais c’est comme ça. Nous avons des bouches à nourrir», déplore-t-il.
Et les bouches à nourrir ne manquent pas. Autant celles de leurs familles respectives que celles de leurs futurs clients, ces acheteurs friands de produits de la pêche, qui viennent très tôt faire leurs courses au marché, à la recherche de poisson frais.
«À bord, nous apportons de quoi manger pour les repas du ftour et du shour. Nous avons aussi notre cuisinier. Mais à vrai dire, ces repas ne peuvent avoir le même goût que ceux savourés en famille», observe ce marin qui se prépare pour une sortie en mer à 1h00 du matin. Un séjour en haute mer qui court sur 5 jours, une durée susceptible de se prolonger si la prise n’est pas suffisante.
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Une sortie de pêche se prépare méticuleusement et bien au préalable, explique, Abdelhaq, le pêcheur occupé à réparer des filets fatigués. «Outre la nourriture, les pêcheurs s’approvisionnent également en filets et en matériaux de pêche», explique-t-il.
Entre l’isolement et le danger
Les marins pêcheurs partagent aussi l’isolement et le danger, comme le confirme Allal, un capitaine marin. «En mer, un simple faux pas et c’est l’accident. Et durant le mois de ramadan, le danger augmente, car avec le jeûne et la fatigue, les hommes sont susceptibles d’être moins concentrés, moins vigilants. Chaque voyage est une nouvelle aventure», nous confie-t-il.
«Le bateau est en mouvement et le pont est souvent glissant. Alors chaque pêcheur a un rôle pour que le navire opère d’une façon sécurisée. Et chaque marin a la responsabilité de la sécurité du navire et de l’équipage à bord», explique ce marin pêcheur. Dans quelques dizaines de minutes, il devra plier paquetage et embarquer dans un chalutier pour une sortie de plus. Et quelques jours et nuits de ramadan de plus, loin des siens.