L'Association nationale des médias et des éditeurs, dont la création a été annoncée vendredi 19 juin, vient de mettre en place ses structures. Abdelmounaïm Dilami, PDG de L'Economiste, a ainsi été élu à l'unanimité président de la nouvelle association en présence de nombreux représentants de journaux, de sites internet et de stations radio. D'après le quotidien Al Ahdath Al Maghribia qui rapporte l'information dans son édition du jeudi 25 juin, le nouveau président de l'association, qui s'est dit à la fois «réjoui» et «honoré» par cette mission, a été chargé de constituer le bureau de l'association, avant de mettre en place une commission restreinte qui planchera sur les statuts de la nouvelle entité.
L'assemblée générale a également chargé le président de prendre, immédiatement, contact avec les autorités en charge du domaine de l'information et des médias pour entamer les discussions susceptibles de mener à des solutions concernant la situation critique que traverse actuellement le secteur. A ce propos, le président de l'Association déclare à Al Ahdath Al Maghribia que «l'Etat a le devoir de soutenir le secteur et de le tirer de la situation difficile qu'il traverse actuellement. Après tout, la presse est un prestataire de service public». «Quand ils demandent l'aide de l'Etat, les éditeurs ne font rien d'extraordinaire, puisque c'est chose courante de par le monde. Il n'y a qu'à voir le montant des aides publiques que reçoit le quotidien français Le Figaro», ajoute-t-il.
De son côté, Mokhtar Larhzioui, directeur de publication d’Al Ahdath Al Maghribia, appelle à la réhabilitation du secteur. « Ce qui doit nous préoccuper en premier, ce sont les coûts de l'impression et les difficultés de distribution à travers le Royaume. Il est inconcevable, en effet, que dans certaines régions du sud du pays, par exemple, l'on ne reçoive l'édition du jour des journaux que le lendemain». Ahmed Charai, DG de Global Média, souligne pour sa part que «la conjoncture que traverse la presse nous impose à tous de nous unir et de parler d'une seule voix pour faire entendre nos problèmes». C'est d'ailleurs ce qu'a confirmé Kamal Lahlou, directeur général du groupe MFM, qui relève que la décision de création de cette nouvelle association «a été mûrement réfléchie».
Le cri de détresse lancé par les fondateurs du nouveau cadre associatif n'est pas resté sans effet, souligne Al Ahdath Al Maghribia dans l'édito qu'il consacre à cet événement. Tous ceux qui s'intéressent, de près ou de loin, au domaine ont, en effet, pu l'entendre parce que ce cri émane, avant tout, de personnes qui ont su mettre de côté les petits calculs individuels pour prendre à bras le corps les problèmes du secteur et relever le défi de le sauver. La première leçon, poursuit l'éditorialiste, que les professionnels du secteur ont pu retenir de cette crise Covid-19, c’est qu’il peuvent certes être en désaccord sur certaines choses, mais savent surtout s'unir et agir ensemble dès il s'agit de l'avenir du domaine.
C'est d'ailleurs pour cette raison, note l'éditorialiste, que l'Association reste ouverte à quiconque veut la rejoindre. Aujourd'hui, ce n'est plus une affaire d’ambitions personnelles, c'est l'affaire de tout un secteur qu'il faut sauver dans l’urgence, souligne-t-il. Ceux qui ont décidé de se réunir dans un nouveau cadre associatif l'ont d'ailleurs bien compris, puisque c'est presque contraint que le nouveau président a accepté cette charge. Pour les membres fondateurs, l'heure n'est pas à la course aux postes de responsabilité et aux honneurs. C'est une question de vie ou de mort pour tout un secteur, conclut l'éditorialiste. Et tous ceux qui se sont réunis, mercredi à Casablanca, pour sauver la profession, ont choisi de survivre.