Mais ces dernières années, ce n'est plus possible car certains d'entre eux disparaissent et d'autres se perdent de vue, à l'instar du chardonneret doré ou, comme l'appellent la plupart des Marocains, "al-Muqnin" ou "Stila".
C’est en effet l’un des oiseaux de chant les plus en vue et qui est hanté par le spectre de l’extinction, après s’être répandu en grand nombre dans diverses régions du royaume, même les jardins publics qui ont longtemps fait partie intégrante de sa splendeur et de sa magnificence. Cet oiseau élégant constitue, à côté d'autres espèces végétales et animales, un important patrimoine naturel et incarne l'identité écologique du Maroc.
En vous promenant dans un certain nombre de marchés populaires et de points de vente d'oiseaux et d'animaux domestiques, il est facile de voir un grand nombre de chardonnerets dorés en rouge, jaune, noir, blanc et marron clair, proposés à la vente dans des caisses en bois ou dans des cages de quelques dizaines d'oiseaux, ce qui est principalement le résultat du braconnage, qui constitue, selon un certain nombre d’intéressés par ce domaine, une menace d'extinction pour cet oiseau.
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Tarik, un trentenaire de la ville de Kénitra, qui fait de la chasse et de la commercialisation des oiseaux de toutes sortes, l'une de ses plus importantes sources de revenus, a déclaré qu'il avait l'habitude, depuis des années, de capturer de nombreuses espèces d'oiseaux chanteurs, qui trouvent refuge dans des espaces verts et des forêts environnantes.
Il affirme, dans une déclaration à la MAP, que la chasse à l'oiseau "al-Muqnin" ou "Stila" est devenue difficile dans les endroits où il était en abondance dans le passé, en particulier la ceinture verte de la forêt de Maâmora adjacente à la ville de Kénitra, où cet oiseau faisait des arbres et des arbustes qui la recouvrent un lieu sûr pour la nidification et la reproduction.
Ce jeune épris du monde des oiseaux depuis son enfance ajoute que pour trouver le chardonneret doré, il est nécessaire de redoubler d’efforts, développer des méthodes de chasse et voyager vers des endroits reculés, en particulier les forêts du nord du Royaume, en affirmant que "le prix d’un seul oiseau est supérieur à 50 dirhams et que le nombre de ceux qui le cherchent augmente".
En effet, la plupart des professionnels et des passionnés de la faune tirent la sonnette d'alarme plus que jamais face au déclin spectaculaire du nombre de chardonnerets jaunes au cours des dernières années, en particulier à cause du braconnage et du commerce illégal, qui ont fait de ces espèces menacées d'extinction une marchandise trafiquée à travers les frontières.
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Après avoir été élevé par les passionnés du monde des oiseaux, le chardonneret doré, qui appartient à la famille des fringillidés, est devenu aujourd'hui une rare espèce dans le marché des oiseaux, surtout qu'il est utilisé dans les opérations d'hybridation avec des espèces similaires, comme l’oiseau canari connu pour son chant particulier.
Dans ce sillage, la situation du chardonneret doré, dont l'élevage était régulé jadis au Maroc, est devenue "très inquiétante", a indiqué le secrétaire général du groupe de recherche pour la protection des oiseaux au Maroc (GREPOM), Abdeljabbar Qninba, ajoutant que cette pratique était souvent limitée à la catégorie des artisans traditionnels qui prenaient du plaisir en écoutant son doux chant dans leurs ateliers et dans l'exercice de leurs professions.
Le chardonneret doré était auparavant présent en nombre important dans son milieu naturel, en particulier dans les campagnes, les zones forestières, les villes et les parcs urbains, où son apparition était familière et naturelle, a signalé M. Qninba, également enseignant-chercheur à l'Institut scientifique (Université Mohammed V de Rabat) dans une interview à la MAP, notant que le fait de le voir ou d'entendre son chant est devenu rarissime, voire impossible.
Le chercheur affirme que le braconnage et le commerce transfrontalier sont parmi les principales causes qui conduiront - si la situation perdure - à l'éradication de cet oiseau chanteur et à sa disparition totale de l'environnement naturel, comme c'est le cas de nombreuses espèces éteintes ou menacées d'extinction en raison de plusieurs facteurs.
"Le chardonneret doré est l'oiseau le plus menacé par le spectre de l'extinction au Maroc", dit-il, parce qu'il est ciblé, d'une manière sans précédent, par les braconniers, sachant que la loi applicable à cet égard incrimine la chasse et le trafic de toutes les espèces rares et en voie d'extinction, que les différentes autorités concernées cherchent à appliquer, en avortant toute opération de contrebande et tout trafic illégal de cet oiseau.
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Il est évident que le braconnage n’est pas le seul facteur de diminution du nombre de chardonnerets dorés. La baisse des espaces verts, le tarissement des milieux naturels, le déracinement des forêts et l’utilisation intensive de pesticides chimiques en agriculture conduisent également à la disparition de ce bel oiseau.
Il est à noter que le chardonneret doré est désormais classé par l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) dans la liste rouge dans un certain nombre de pays du sud de l'Europe, en raison du recul sans précédent de son nombre dans son environnement naturel, ce qui montre que le risque d'extinction de cette espèce d'oiseau est devenu une donnée régionale qui dépasse le Royaume pour concerner également les pays voisins.
Beaucoup d’intéressés par les questions environnementales estiment que le rattrapage du temps perdu pour appliquer davantage de mesures visant à mettre un terme à l’extinction du chardonneret doré de son environnement naturel est encore possible, eu égard au droit des générations futures de voir ce joli oiseau et d'entendre son chant comme l'ont fait les générations précédentes.