L’histoire politique mouvementée du Rwanda n’a pas empêché le pays de réaliser des avancées importantes en matière des droits des femmes. Le pays est classé troisième mondial en matière d’égalité des sexes et supplante la Suède quant au nombre de femmes au Parlement, avec 48,8%, contre 45% seulement dans le pays nordique. Quelles sont les bases de ce modèle réussi ?
Le monde a découvert le Rwanda lors du génocide dont le pays a été victime en 1994. Le déchirement entre les ethnies Hutu et Tutsi avait provoqué la mort d’un million de victimes. Les lendemains de ce génocide ont été particulièrement difficiles pour les femmes, souvent victimes de viol. La mobilisation des femmes à travers le pays a porté ses fruits et plusieurs chantiers ont été initiés pour l’égalité dès 2001. Cette politique de changement s’est manifestée sur trois champs :
1. Elaboration d’une nouvelle constitution : le processus des réformes a été enclenché à travers la nouvelle constitution du pays. L’article 9, alinéa 1 stipule qu’au niveau des postes de prise de décision, 30% doivent obligatoirement être attribués à des femmes.
2. La scolarisation des femmes : pour aider les femmes non scolarisées, le Rwanda a créé des centres de formation professionnelle dans tous les secteurs. Une attention particulière a été accordée aux jeunes filles, et une campagne intensive soutenue par le PNUD a pour objectif d’encourager la scolarisation de celles-ci. Des bourses et prix d’excellence sont attribués chaque année aux élèves méritantes.
3. Discrimination positive : au Rwanda, la candidature d’une femme prime sur celle d’un homme. Cette discrimination positive permet aux femmes d’être présentes dans presque tous les secteurs économiques, notamment au sein des instances décisionnelles.
D’autres progrès du statut de la femme au Rwanda ont permis d’ériger une image reluisante de ce pays sur la scène internationale. Cette exception africaine n’est pas le fruit du hasard, mais bien d’une volonté politique et surtout d’un travail de longue haleine et de campagnes de sensibilisation. Le modèle du Rwanda mérite une attention particulière. Au Maroc, le statut de la femme est encore beaucoup plus fragile. A titre d’exemple, le quota des femmes présentes dans l’hémicycle est passé de 10% à 16,9%, mais ce chiffre incorpore également un quota de jeunes. Le Maroc gagnerait à s’inspirer de ce modèle africain qui a su renaître de ses cendres en inscrivant la femme au centre de son développement.