Huit-cents grammes. C’est la quantité d’ordures ménagères que produit chaque citoyen par jour. Rapporté à l’ensemble de la population, cela donne six millions de tonnes de déchets produits chaque année. Citant la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, dans son édition du jeudi 16 juin, le quotidien Al Akhbar souligne que l'essor démographique que connaît le pays a aggravé les difficultés concernant la collecte et la valorisation des déchets ménagers.
Les déchets ménagers produits en milieu urbain, poursuit le quotidien, se caractérisent par un fort taux d’humidité et une grande proportion de déchets organiques, qui dépasse les 60%. Ce qui en fait une bombe écologique. En effet, cette situation a contribué à la prolifération des décharges sauvages et, par conséquent, à la pollution de la nappe phréatique, mais aussi des eaux de surface. En plus du risque que la consommation de cette eau présente pour l’Homme, cela peut engendrer des maladies et impacte négativement le développement économique et social.
D’après une étude réalisée avec l’appui de la Banque mondiale en 2014, la dégradation de l’environnement causée par les déchets ménagers coûte au pays environ 0,4% de son PIB. Pour faire face à cette problématique liée à la gestion des ordures ménagères, une loi spécifique a été promulguée en 2006. Il s’agit de la loi 28.00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination, qui vient réglementer la gestion des déchets en couvrant toute la chaîne de la collecte, jusqu’à l’élimination et en passant par le traitement et la valorisation.
Une année plus tard, en 2007, le département de l’environnement et du développement durable a préparé, en partenariat avec le ministère de l’Intérieur, un plan national de gestion des déchets ménagers. Doté d’un budget de 40 milliards de dirhams, ce plan avait pour objectif d’atteindre un taux de collecte des déchets ménagers de l’ordre de 90% au terme de cette année 2022. Tel qu’il a été conçu, ce plan visait également la création de centres de valorisation et d’enfouissement des déchets dans l’ensemble des agglomérations urbaines, soit un taux de couverture de 100%, de même que la réhabilitation de toutes les décharges non contrôlées au terme de la même année. Entre autres objectifs prévus pour ce plan, le recyclage et la valorisation d’au moins 20% des déchets ménagers au niveau national, dans le cadre de centres pilotes également à créer.
Où en est-on aujourd’hui par rapport aux objectifs de ce plan? Citant toujours la ministre, le quotidien affirme que la mise en œuvre de ce plan a consommé à peine 21 milliards de dirhams à fin 2021, dont une contribution du département de l’environnement de l'ordre de 3 milliards de dirhams. Cela a permis d'augmenter la fréquence de la collecte des déchets dans les centres urbains, passée de 44% en 2008 à 96% actuellement.
Ce plan a également permis d'augmenter le volume de traitement des déchets dans les décharges contrôlées et les zones d'enfouissement, tout en aidant à valoriser les déchets à hauteur de 63% contre 10% en 2008. Et ce, en plus de la réalisation de 13 centres de tri et de valorisation des déchets, ainsi que la réhabilitation de 66 décharges anarchiques.