Le Maroc est désormais classé parmi les premiers pays au monde qui extraient plus de la moitié de leurs besoins en sable, dédié à la construction immobilière, à partir du cordon de sable qui forme son littoral maritime. C’est ce qu’affirme le dernier rapport, qualifié de «noir» par le quotidien Al Akhbar du lundi 13 mai, récemment présenté par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUE).
Intitulé «Sable et durabilité», ce rapport évalue à plus de 10 millions de mètres cubes la quantité de sable illégalement extraite du littoral marocain chaque année. Le PNUE fait ainsi clairement allusion à de puissants lobbys de l’immobilier qui seraient derrière cette «hémorragie», explique pour sa part Al Ahdath Al Maghribia de ce lundi.
Le Rapport révèle surtout une contradiction flagrante entre cet usage effréné du sable extrait illégalement dans la construction d’infrastructures de base, et particulièrement touristiques, alors que c’est la «beauté naturelle du pays», qui attire les touristes, et surtout de ses plages qu’on est en train de détruire. Le Rapport cite ainsi la plage d’Asilah, où non seulement on ne trouve plus de sable, mais où la ville se trouve aujourd'hui à la merci des vagues en raison de la perte du cordon de sable protecteur. Le rapport cite également le cas d’une plage de sable complètement disparue entre Safi et Essaouira, et que les lobbys des carrières ont transformé en hideux paysage lunaire, où pas un touriste n’oserait s’aventurer.
Al Akhbar ajoute que face à la pression démographique et la demande immobilière grandissante, le rapport du PNUE précise que les besoins en sable de construction, légalement extrait, vont être multipliés par trois dans les 20 prochaines années. Il préconise à cet effet l’application rigoureuse des lois en vue de protéger l’environnement et d’assurer au pays un tourisme durable.
Pour rappel, c’est la loi 27/13, publiée au Bulletin officiel n° 6374 du 2 juillet 2015, qui organise l’exploitation des carrières de sable. Sauf que plusieurs organisations de la société civile et celles de défense de l’environnement ne cessent d’appeler à la mise en œuvre de ce texte de loi de façon rigoureuse, à travers l’implication des forces de l’ordre et la mise sur pied de la police des carrières.