Le ministère de l’Intérieur apporte les dernières retouches aux rapports d’enquêtes qu’il a réalisés sur plusieurs sociétés de développement local (SDL) créées par les collectivités locales. L’enquête concerne notamment les sociétés des grandes villes régies par le système des arrondissements, dont la plupart sont dirigées par des présidents affiliés au PJD, souvent membres du secrétariat général du parti.
Selon certaines sources, un grand nombre de ces sociétés souffrent de dysfonctionnements. A commencer par la prédominance d’une bureaucratie qui a retardé l’exécution de plusieurs projets et l’immixtion du politique dans les affaires financières. Sans oublier le manque de cadres spécialisés dans chaque secteur, capables de signer des accords de coopération ou de lancer et gérer des appels d’offres.
Notre confrère Assabah cite, dans son édition du jeudi 16 août, le cas du transport public urbain à Rabat, Salé, Ain Atik, Ain Aouda et Temara. Celui-ci continue de connaitre des carences malgré l’annonce par la société délégataire de l’acquisition de nouveaux bus à même de répondre aux besoins des habitants qui se déplacent entre les deux rives (Rabat-Salé). Mais le retard dans la réception de ces véhicules a obligé les usagers à continuer à circuler dans des bus vétustes dont l’achat a été entaché par un marché douteux. Les autorités locales et l’ancien conseil de la ville ont été pointés du doigt pour avoir mis en circulation des bus délabrés et polluants. Ce qui a fait l’affaire des transporteurs clandestins qui ont couvert toutes les lignes au vu et au su des responsables, dont certains ont même été acculés à utiliser ce moyen de transport illégal.
Le ministère de l’Intérieur, qui a entamé cette inspection en 2018, souhaite évaluer les SDL après avoir constaté des anomalies de gestion. Il cite notamment des commissions inopérantes qui découlent des conseils d’administration de ces sociétés et l’absence de toute vision stratégique chez les dirigeants de ces appareils administratifs. Certaines collectivités locales ne respectent pas leurs engagements financiers envers les sociétés, ce qui impacte négativement la gestion de leurs projets et complique leurs rapports avec leurs fournisseurs, d’où le risque de cessation de paiement.
En se basant sur l’expérience du terrain, le ministère de l’Intérieur constate que la plupart des communes qui aspirent à créer des sociétés délégataires rencontrent d’énormes difficultés. De prime abord, ces collectivités locales ne disposent ni des ressources financières ni des ressources humaines compétentes. Du coup, lesdites sociétés manquent de programmes de gestion et de financement, ce qui risque d’affecter leur équilibre commercial. D’autant plus que l’on assiste souvent à une confusion entre ce qui est administratif et ce qui est purement économique. En définitive, ces sociétés ne procèdent pas à des études de marché tant sur le plan technique que financier qui leur permettraient d’exécuter leurs missions avec la qualité requise tout en préservant leur équilibre financier.