Le plus vieux préservatif du monde date de 3.400 années, et a été retrouvé dans la tombe de Toutankhamon! Il évitait les grossesses non désirées, mais protégeait surtout des maladies sexuellement transmissibles et était fabriqué avec des produits naturels: en lin, confectionné à partir d’intestins ou de vessies de porc ou de mouton, il était réutilisable après nettoyage.
C’est surtout à partir du deuxième siècle avant J. Christ qu’il sert de contraceptif, fait en papier, ou en tissu de soie ou de velours huilés. Chez les Japonais, il était fait d’écailles de tortue ou en cuir.
Au 19ème siècle, en Europe, sous la révolution industrielle et les changements sociaux qu’elle a entraînés, naquit le débat sur la limitation des naissances, afin de contrer la précarité. En 1839, une importante découverte, la vulcanisation du caoutchouc, permit de fabriquer des préservatifs en caoutchouc, souples et réutilisables. Leur commercialisation date de 1870.
En 1900 apparurent les premiers préservatifs aromatisés, colorés, fantaisistes. D’abord à usage multiple, ils deviennent, en 1920, à usage unique.
Le préservatif s’est popularisé à partir de la Deuxième Guerre mondiale, quand les soldats en recevaient pour se protéger des maladies, puis durant la deuxième moitié du 20ème siècle, lors des campagnes de lutte contre le SIDA et de limitation des naissances.
Pour les femmes, la contraception date de plus de 50 siècles, chez les Pharaons, avec l’utilisation de suppositoires vaginaux pour bloquer la pénétration des spermatozoïdes dans l’utérus, faits à base de pâte de levain et d’excrément de crocodiles, de miel, de gomme d’acacia ou de dattes fermentées. Il y avait aussi le stérilet, retrouvé dans des momies égyptiennes.
Par désespoir, les femmes ont tout essayé pour limiter leurs grossesses, même des produits dangereux, tels des morceaux de laine contenant des produits astringents, introduits dans le vagin pour resserrer le col de l’utérus et empêcher la pénétration des spermatozoïdes. Ou encore en recourant à d’autres produits naturels, mais agressifs, pour détruire les spermatozoïdes après un coït. L’allaitement prolongé a aussi servi de contraceptif, mais il n’est pas fiable pour toutes les femmes.
En 1830 apparaît en Allemagne la cape cervicale, qui se place sur le col de l’utérus. Aujourd’hui, le diaphragme, en latex ou en silicone, s’avère assez efficace, mais peu pratique, car il doit rester en place 8 heures après l’acte sexuel.
En 1880, la première ligature des trompes est réalisée aux États-Unis. Il s’agit d’une opération chirurgicale définitive pour suturer les conduits qui relient chacun des deux ovaires à l’utérus. Le préservatif féminin, qui couvre les parois vaginales et le col de l’utérus, apparaît en 1908. Il n’aura pas grand succès, mais allait quand même renaître en 1985.
Au début du 20ème siècle naissent les pompes vaginales qui, après chaque copulation, projettent dans le vagin de l’eau ajoutée à plusieurs produits acides destinés à détruire les spermatozoïdes. En 1928, c’est l’arrivée du stérilet moderne. Un anneau en argent, en spirale, est posé à l’entrée du col de l’utérus. Il devient populaire à partir de 1970.
En 2001 eut lieu l’invention d’un implant contraceptif inséré sous la peau, pour une durée de 3 ans, pouvant être retiré à tout moment. À partir de 2004 arrivent deux inventions qui libèrent des hormones, mais ne protègent pas des maladies: un patch collé sur la peau pendant 28 jours, pour éviter la prise quotidienne de pilule, et l’anneau vaginal, que la femme garde du premier jour des règles au 21ème jour.
Il existe des méthodes contraceptives naturelles, mais peu fiables. À commencer par celle appelée lahssabe (calcul) au Maroc: le couple s’abstient de tout rapport sexuel lors de la période d’ovulation. Il faut toutefois que le cycle menstruel de la femme soit régulier.
La méthode des températures est plus contraignante. Chaque matin, au réveil, la femme prend sa température. Lors de l’ovulation, la température augmente, indiquant au couple la nécessité de l’abstinence.
Il y a toujours eu des méthodes contraceptives liées aux croyances. Au Maroc, par exemple, une proche de la femme venant d’accoucher prenait un nombre de grains de maïs correspondant aux années sans enfantement souhaitées. Elle les tache de sang des couches et les cache. Quand la femme voulait retomber enceinte, il suffisait qu’elle voie ces graines. De nombreuses sociétés utilisaient des talismans et autres actes de sorcelleries.
Notons que la plupart des moyens contraceptifs s’adressent aux femmes. Pour les hommes, il n’y en a que trois: le coït interrompu, le préservatif et la vasectomie, rarement pratiquée. Cette opération chirurgicale définitive sectionne les conduits transportant les spermatozoïdes du testicule à l’urètre.
La contraception évolue entre les interdits religieux et culturels et les inventions. Elle a été interdite pour les Juifs et les chrétiens, mais pas pour les musulmans.
Le coït interrompu, la plus ancienne méthode contraceptive connue, où l’homme se retire juste avant l’éjaculation, a été interdit par ces deux religions. Un coït doit aboutir à une grossesse, sinon, il est réduit au plaisir condamné de la chair. Pour le Judaïsme, l’homme ne doit pas gâcher «sa semence» en éjaculant hors du vagin. Rabbins et prêtres ont, pendant des siècles, contrôlé et réprimandé les femmes qui espaçaient leurs grossesses.
Le coït interrompu, courant chez les musulmans, n’est arrivé en Occident qu’au 16ème siècle.
En 1968, le Pape Paul VI interdisait toute contraception. Alors qu’en 1966, le Maroc lançait son Programme national de planification familiale, qui repose sur la contraception. Il fut très efficace: une femme avait en moyenne 7 enfants. Aujourd’hui, le taux de natalité est descendu à seulement 1,97.
La véritable révolution contraceptive a lieu en 1950 avec la pilule qui a donné aux femmes une autonomie sociale et professionnelle. Mais, dans le monde, la fabrication et la commercialisation des contraceptifs n’ont été légalisées qu’entre 1060 et 1970, après une longue bataille des féministes.
L’évolution de la contraception a libéré le plaisir sexuel en le séparant de la procréation. En libérant les femmes des grossesses à répétition, elle a profondément modifié les structures familiales et les dynamiques sociales.