En l’espace d’une semaine, soit du 20 au 26 février 2023, les campus de Benguérir et Laâyoune de l’Université Mohammed VI polytechnique (UM6P) vibreront aux rythmes des émulations scientifiques suscitées par la présence d’éminents chercheurs et penseurs dans le cadre de la 3e édition Semaine de la science.
La complexité, thème central de cette édition de ce rendez-vous scientifique annuel, vient consolider davantage la place de Rhamna Valley sur l’échiquier mondial du savoir, dans un contexte où le monde a cessé d’être simple et où la complexité s’affirme comme étant un trait commun dans les différentes disciplines scientifiques.
A l’unanimité, différents chercheurs et penseurs présents lors de ce sommet s’accordent sur le postulat de départ qui consiste à dire que décomplexer la complexité revient à la mutiler, à l’alléger de sa substance. Mais c’est dans l’explication de la complexité en tant que notion fondamentale que les avis divergent.
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Du haut de ses 101 ans, Edgar Morin a fait le déplacement pour raviver la flamme d’une de ces œuvres fondamentales, «Introduction à la pensée complexe», devant un auditorium plein à craquer. Le sociologue et philosophe français fut, en effet, l’un des premiers à avoir soulevé le paradoxe de la complexité, qu’il définit comme «ce qui ne peut se résumer en un maître-mot, ce qui ne peut se ramener à une loi ni se réduire à une simple idée». Autrement dit, la complexité est «un mot problème, non un mot solution».
Morin tente, en l’occurrence, une nouvelle approche en faisant un focus sur les crises. «Les crises sont des manifestations d’une possibilité d’illusions et de pratiques nouvelles. La compréhension de ses crises passe par la compréhension de la relation entre le tout et la partie», a-t-il précisé lors de son allocution à la Semaine de la science devant un parterre de scientifiques, décideurs et personnalités de choix.
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L’autre invité de marque, l’informaticien et physicien Stephen Wolfram, auteur d’un ouvrage révolutionnaire dans le milieu de l’informatique («A New Kind of Science»), propose une lecture plus approfondie. Dans son livre, Wolfram affirme que l’univers est numérique par nature et fonctionne selon des lois fondamentales qui peuvent être décrites comme des programmes simples, nécessaires pour modéliser et comprendre la complexité de la nature. Une posture partagée devant une large audience à l’UM6P, où il a affirmé qu’en termes de calcul mathématique, «un ensemble de règles simples, mises ensemble, peut conduire à une production simple ou complexe».
Cette 3e édition, pilotée, entre autres, par Fouad Laroui et Said Tazi, est fortement marquée par l’empreinte de tout un corpus de professeurs de l’université. Réda Benkirane, à titre d’exemple, approche la complexité sous le prisme d’une analyse multidimensionnelle menée auprès de différents chercheurs, et dont la synthèse a été mise en avant dans une publication intitulée «La complexité, vertiges et promesses».
L’intelligence collective réunie en marge de la Semaine de la science a connu également la participation des membres fondateurs de la Santa Fe Institute, au grand bonheur des étudiants de l’UM6P.