Tout le monde se souvient de la polémique suscitée par la suspension des cours en présentiel et l’annonce de l’annulation des examens en pleine pandémie. Le climat délétère, engendré à l’époque par cet épisode particulièrement navrant, a profondément marqué la conscience collective marocaine. A l’approche de la fin de l’année scolaire, une nouvelle controverse s’invite sur les bancs de l’école. Ainsi, dans la région Marrakech-Safi, la tension monte de nouveau d’un cran entre écoles privées et parents d’élèves. Objet de la discorde: les frais de scolarité du mois de juillet qui correspond cette année au dernier mois du calendrier scolaire.
A l’origine de la controverse en gestation et du différend qui en découle, le report par le ministère de tutelle au prélude de la rentrée scolaire 2021-2022. Petit flashback: début septembre dernier, le ministre de l'Education nationale d'alors, Saaïd Amzazi, annonçait le report de la rentrée scolaire au mois d’octobre, suite à une réunion tenue avec les associations de parents et les fédérations des écoles privées, dans l’optique d’étendre la campagne de vaccination aux élèves.
Pour autant, ce décalage n’est pas synonyme de contraction du calendrier. Preuve en est, la tenue des évaluations du CE6 par exemple, début juillet prochain. Pour les autres niveaux en revanche, les dernières épreuves auront bien lieu fin juin. De quoi inciter la plupart des parents à ne pas envoyer leurs enfants à l’école en juillet. En ce sens, la plupart des directions se préparent à cette éventualité. «A défaut d’une intervention du ministère, ils (les élèves, Ndlr) seront nombreux à rater les cours le mois prochain alors que le programme scolaire se poursuit. Je vous rappelle que nous n’avons entamé l’année qu’en début octobre», tonne le gérant d’une école à Marrakech.
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En face, les parents expriment leur colère sur les réseaux sociaux et vont parfois jusqu’à accuser des écoles de «pratiques abusives et malhonnêtes». Arguments rejetés en masse par les gérants et directions d’écoles qui rappellent que, non seulement les cours sont dispensés courant juillet, mais que leurs établissements tournent à plein régime sur la même période. «Tout le corps éducatif sera mobilisé pour l’organisation des activités de kermesse, pour la correction des examens, c’est un mois comme les autres», précise le directeur d’une école basée à Chichaoua.
«On parle des règlements des droits mensuels et annuels alors qu’on oublie l’impact sur l’apprentissage des enfants et sur l’employabilité dans un secteur qui a subi de plein fouet les effets de la crise», soutient Hafid El Guebli, président de l’antenne régional de l’Alliance des établissements privés du Maroc. En effet, la cartographie du secteur dans la région Marrakech-Safi plaide en faveur de la prédominance des TPME dont la plupart ont eu recours à la ligne de crédit Oxygène pour pouvoir garder la tête hors de l’eau.
Tout porte à croire, que ce nouveau bras de fer engagé entre parents et directions d’école est parti pour durer. Et il en va de même pour la crédibilité des établissements qui, aussi étonnant que cela puisse paraître, est mise à mal par certains propriétaires qui ont décidé de renoncer à ces frais. Si certaines écoles y voient un excellent argument de vente, cette perche ainsi tendue est saisie volontiers par les parents qui ne souhaitent pas s’acquitter de cette mensualité de l’année, sous prétexte «que le mois de juillet coïncide cette année avec la fête de l'Aïd». Un argument convaincant dans un secteur où la concurrence est loin d’être pure et parfaite!