Moudawana 2024: un pas de plus dans le long, mais inéluctable, défi pour l’égalité

Neila Tazi, présidente de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Chambre des conseillers.

TribuneDans cette tribune, Neila Tazi, parlementaire et actrice culturelle, salue la révision de la Moudawana menée par le roi Mohammed VI, un acte visionnaire conciliant traditions, religion et aspirations universelles. Pour la présidente de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Chambre des conseillers, avec la reconnaissance du travail féminin, l’institution de la garde partagée et l’ouverture sur l’héritage, le nouveau texte pose les jalons vers un Maroc plus juste, unifié et inclusif.

Le 30/12/2024 à 08h58

Sous l’égide de Sa Majesté le roi Mohammed VI, la refonte de la Moudawana transcende le cadre juridique pour s’inscrire comme un acte politique éclairé et visionnaire qui tisse avec harmonie les héritages culturels du Royaume et les aspirations universelles de justice et d’égalité.

Cette réforme traduit une quête d’équilibre entre nos traditions et les exigences du progrès, dans une société qui aspire à plus d’équité et d’inclusivité. En faisant de l’émancipation des femmes un pilier du développement, Sa Majesté renforce son engagement dans la construction d’un Maroc où la justice sociale constitue le fondement d’une prospérité collective.

Réhabiliter l’invisible: l’hommage au travail des femmes au sein du foyer

Dans les foyers marocains, des milliers de femmes accomplissent chaque jour un travail souvent invisible voir ignoré. Pour une partie de ces femmes, ce travail vient de plus s’ajouter à leur activité civique ou professionnelle. Cette réforme consacre enfin à ce travail une reconnaissance concrète, essentielle à notre richesse économique et sociale, une véritable contribution à notre capital immatériel.

Cette reconnaissance se traduira par des mesures concrètes notamment dans la répartition des biens en cas de divorce. En l’inscrivant dans la loi, le Maroc redonne dignité à leur engagement inestimable, et honore celles qui, discrètement depuis longtemps, consolident les fondations de la société.

Vers un partenariat égalitaire: les hommes acteurs du changement

Bien au-delà de la simple correction des inégalités, la réforme de la Moudawana jette les bases pour préserver l’institution de la famille et les liens qui la préserve. En instituant la garde partagée comme principe fondamental après un divorce, elle valorise le rôle essentiel des pères dans la vie des enfants et consacre un équilibre des responsabilités parentales.

Cette dynamique inclusive n’est pas seulement un appel, c’est une opportunité pour les hommes de s’inscrire comme partenaires actifs et sincères dans la construction d’une société plus forte et unie.

Héritage et transmission: une réinterprétation pour l’avenir

L’héritage demeurera toujours une étape essentielle dans la consolidation durable de la famille, la préservation des liens et l’autonomisation des femmes . Pourtant, cette question reste encore captive de l’esprit de patriarcat qui bloque l’application même de la législation actuelle. Cette question peine encore à trouver sa juste place dans cette réforme dans laquelle on trouve quelques dispositions novatrices comme la protection du domicile familial pour le conjoint survivant, protégeant ainsi le foyer contre les aléas de la vie, ainsi que l’ouverture au « testament élargi » qui amorce une révision des règles successorales, réduisant les disparités historiques en défaveur des héritières. Ces changements tracent patiemment un chemin vers une société plus équitable en attendant l’égalité revendiquée légitimement par les femmes et de plus en plus d’hommes.

Un appel à une responsabilité éclairée: le Parlement

Sa Majesté le Roi Mohammed VI invite les institutions, et particulièrement le Parlement, à s’investir pleinement dans cette réforme d’envergure. Ce projet ne saurait réussir sans un débat parlementaire approfondi et une approche audacieuse du législateur.

«Les élus sont appelés à enrichir cette réforme, à transcender le conservatisme et les clivages idéologiques pour construire un texte inclusif et progressiste.»

Les élus sont appelés à enrichir cette réforme, à transcender le conservatisme ainsi que les clivages idéologiques pour construire un texte inclusif et progressiste, tout en honorant les valeurs fondamentales du Royaume. Ce processus législatif se transformera ainsi en un véritable dialogue national, où tradition et modernité s’accordent pour produire une législation à la hauteur des aspirations du peuple marocain.

En tant que parlementaire, j’ai toute confiance dans l’engagement de mes collègues des deux Chambres pour accompagner cette réforme dans un esprit de progrès, où l’égalité entre citoyens et citoyennes s’inscrira durablement dans notre cadre législatif. Ce moment unique nous invite à répondre aux attentes profondes de la société marocaine et à renforcer les fondements d’une justice qui honore notre vision commune d’un avenir équilibré.

Moudawana et Diaspora

Les six millions de Marocains résidant à l’étranger, citoyens à part entière et atout majeur pour notre pays, sont également concernés par la Moudawana qui introduit une mesure significative les concernant. Il s’agit de la possibilité de contracter un mariage sans la présence de deux témoins de confessions musulmane. Cette évolution vise à faciliter les démarches matrimoniales des MRE en tenant compte des réalités locales, tout en respectant les principes fondamentaux de la législation marocaine.

Une vision royale guidée par la noblesse et la sagesse

Cette réforme de la Moudawana est une nouvelle illustration de l’ambition royale qui guide la voie d’un Maroc pionnier. Sous l’impulsion de Sa Majesté, le Royaume s’affirme comme un modèle, dans le monde arabo-musulman, africain et bien au-delà, en érigeant la justice, la dignité et la cohésion sociale en piliers de son progrès.

Chaque mot, chaque disposition de cette réforme devra témoigner d’un Maroc en quête d’excellence, où les droits des femmes deviennent le symbole d’une émancipation collective.

Cette invitation à écrire une nouvelle page de l’histoire nationale, est un acte fort du règne du Roi Mohammed VI envers les citoyens, qui impulse avec sagesse, pour la seconde fois en vingt ans, les prémisses d’une réforme majeure de la Moudawana. Cette révolution par le haut illustre la capacité du Royaume à conjuguer ses forces et sa diversité, et s’inscrit dans un contexte apaisé, mais toujours attentif aux traditions marocaines qui transcendent le temps et l’histoire tout en aspirant à la modernité.

Par Neila Tazi
Le 30/12/2024 à 08h58