Ils font partie des 76 candidats à l’émigration clandestine blessés suite à la bousculade survenue le vendredi 24 juin 2022 au niveau de la clôture séparant Melilia et Nador. Ils ont été admis à l’hôpital El Hassani de Nador où ils ont été pris en charge. Le360 a rendu visite à trois d'entre eux ce jeudi 30 juin et ils se sont confiés. Dénominateur commun: ils sont tous les trois Soudanais et ils sont arrivés au Maroc depuis l’Algérie voisine, dont les frontières, «les mieux gardées du monde», sont subitement devenues poreuses et ils ont subi de nombreuses humiliations et toutes les formes d’extorsions.
Parmi eux, Youssef Abdelbaqi Moussalam, qui a quitté le Soudan en direction de la Libye, ensuite l’Algérie et enfin le Maroc. «Mon rêve était de partir en Europe. Au Maroc, on ne manque de rien. On est en sécurité, on se sent chez nous», témoigne-t-il, affirmant que même lors de son arrestation par les forces de l’ordre, au moment de franchir la clôture, il a été traité avec humanité. «Il n’y a eu ni brutalité, ni violence», tranche Abdelbaqi Moussalam.
Lire aussi : Assaut sur Melilia: les dessous d’un intolérable drame humain et d’une inacceptable attaque contre le Maroc
Natif de Khartoum, au Soudan, Mohamed Ismaïl Sabahelkheir Abdallah raconte, lui, sa véritable misère en Algérie. «Je ne parle ni par haine, ni par peur. C’est ce que j’ai vécu. Les autorités algériennes organisent ponctuellement des rafles parmi les migrants. A chaque fois, on nous dépouillait de notre argent, de nos téléphones et même de nos vêtements. Grâce à Dieu, j’ai réussi à quitter ce pays pour le Maroc», nous confie-t-il.
Lire aussi : Assaut sur Melilia: quand Kémi Séba s’emmêle les pinceaux
Sur la violence qui a accompagné l’assaut, Abdallah pointe du doigt certains migrants. «Avant l’assaut, nous n’étions pas tous d’accord qu’il fallait attaquer. Mais certains, qui étaient armés, n’en ont fait qu’à leur tête. Ce sont ces hors-la-loi qui ont semé le chaos et provoqué la bousculade. Les plus faibles, et certains étaient malades, ont vite été écrasés sous le poids des autres», relate ce migrant.
Egalement Soudanais, Yassin Younès Ibrahim Abdallah souligne, quant à lui, que «devant la clôture à Nador, nous étions trop nombreux à vouloir passer en même temps. La bousculade a été énorme. On se marchait les uns sur les autres pour pouvoir grimper. Certains sont morts sur-le-champ». Pour lui, si les forces de l’ordre marocaines n’étaient pas intervenues, le bilan des morts aurait été bien pire.