Dans son édition de mercredi 14 janvier, le quotidien francophone Libération consacre un article à l’opération du permis biométrique, qui a enregistré des rentrées record. 8 milliards de DH et des poussières: c’est à peu près la coquette somme que les caisses de l’Etat ont d’ores et déjà engrangée suite à cette opération, croit savoir le journal. Sous le titre "La grosse cagnotte des permis de conduire biométriques", la publication écrit que d’aucuns se demandent légitimement à quoi sert cet argent du contribuable. Certainement à renflouer les caisses, répondent plusieurs, notant toutefois l’absence de terminaux de décryptage alors qu’il était question, lors de la mise en place dudit code en octobre 2010, de les acquérir le plus tôt possible, ou au plus tard en 2012.
Pis encore, aucun des agents de la circulation, police, gendarmerie comprises, ne dispose de lecteurs censés décrypter les puces de la CIN, du permis de conduire ou encore de la carte grise, relève Libération. Citées par la publication, les statistiques estimatives recueillies du côté du ministère de l’Equipement et du Transport précisent que 6 millions de détenteurs de permis support papier ont été recensés en 2007. Après le démarrage de la procédure et à fin 2014, se sont plus de 2 millions de conducteurs, soit 34% des détenteurs, qui possèdent le permis biométrique.
Un code de la route très contraignant
Quoi qu’il en soit, 4 ans et un trimestre après l’entrée en vigueur de l’actuel Code de la route, le constat est "patent" : certaines de ces dispositions "n’ont pas été appliquées sur le champ et d’autres ont été même mises sous le boisseau, en l’occurrence l’alcootest et l’acquisition des nécessaires terminaux de décryptage", constate le journal. Les tarifs des contraventions dites Amendes transactionnelles et forfaitaires (ATF) ont été revus à la hausse, de même que la mise à niveau du contrôle routier prévoit de lourdes sanctions et des peines privatives de liberté. Les dispositions de cette loi pencheraient plus vers l’excès de zèle et le rédhibitoire que vers l’amélioration des conditions de sécurité sur les routes du pays.
De l'avis du journal, si la biométrie gagne de plus en plus du terrain et si d’aucuns avaient bien accueilli les avancées technologiques en croyant qu’elles allaient sonner le glas des cartons ternes gris et roses, la majorité des Marocains est tombée des nues en se heurtant à cette triste vérité : au Maroc c’est toujours au citoyen de payer. "Les 8 milliards de DH empochés par l’Etat ne sont-ils pas suffisants pour prétendre acquérir les incontournables gadgets auxquels les forces de l’ordre avaient droit ?", s’interroge le quotidien qui souligne. Ils sont tentés de dire qu’au Maroc, on fait toujours ou presque les choses à moitié ou à l’envers, écrit-il.
Et vogue la galère pour le citoyen qui se doit de payer sans se sourciller des amendes plus chères ainsi que la redevance du changement de permis sans rechigner. Les nerfs à vif, il est plus que soucieux à l’idée d’être flashé, d’être emprisonné suite à un acte involontaire et de perdre des points, voire le permis, relève le quotidien, qui conclut qu’il y a de quoi installer la psychose avec cette loi qui a pris du plomb dans l’aile en renvoyant aux calendes grecques certains des dispositifs sans lesquels elle devient bancale.
Les Marocains sont, effectivement, en total appréhension s’agissant de certaines décisions inopinées de l’Exécutif ! En tout état de cause, un décalage évident subsiste entre la réalité et les dispositions du code de la route.