Zakaria Moumni a de la suite dans les idées. Il a appris sa leçon par cœur. Une leçon invraisemblable, ubuesque, mais qu’il récite à tous les coups. En tant que champion du monde de light contact, une sous-discipline de boxe thaïlandaise, il répète à qui veut l’entendre qu’en vertu d’un décret de Hassan II, il a droit à un poste de conseiller sportif au Maroc. Pour arracher ce droit, il en a référé directement au souverain qui aurait confié son cas à son secrétaire particulier avec comme instruction de lui donner une suite positive. Ce dernier aurait mis dans un tiroir le dossier de Moumni qui, en sportif déterminé, va mener un combat jusqu’au bout pour obtenir le poste convoité. Embêtées par tant d’acharnement, les autorités marocaines auraient monté une affaire d’escroquerie où Moumni aurait soutiré 2.800 euros à deux Marocains à qui il aurait promis un travail eu Europe. Les escroqués ont porté plainte et l’intéressé a écopé d’une peine de trois an et demi, dont il a purgé 18 mois, avant de bénéficier de la grâce royale. Le fourgon qui transportait Zakaria Moumni vers le centre pénitentiaire, lui, aurait fait un petit détour par le centre de détention de Témara où il aurait été torturé de la pire façon qui soit.
Tel est le récit que raconte depuis des mois Zakaria Moumni à qui veut l’entendre. Dans son récit, il omet à chaque fois de citer deux faits qui ont leur importance. Il a obtenu en 2006 deux agréments, l’un en son nom propre, l’autre au nom de son père, pour bénéficier d’une rente à vie liée à l’exploitation de deux grands taxis, dits communément taxis blancs. L’agrément d’un véhicule de transport commun est exploité directement ou loué à une tierce personne. Il devient synonyme d’une rentre ad vitam aeternam pour celui qui le possède. Pourquoi Zakaria Moumni ne dit pas à ses interlocuteurs qu’il est un rentier au Maroc et que le revenu lié à cette rente dépasse de loin un salaire moyen au Maroc? Puisque Zakaria Moumni proclame partout dire toute la vérité, qu’il la dise jusqu’au bout et qu’il diffuse qu’il est un rentier du pays qu’il accuse de torture. Qu’il dise qu’il bénéficie toujours de la rente dans le pays qui l’aurait torturé.
- agrement_zakaria_moumni.pdf
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Hier, l’intéressé a publié sur sa page Facebook un compte rendu d’une rencontre d’Amnesty International, organisée en France, et où il a encore récité son témoignage sur les tortures qu’il aurait subies. Dans son délire des grandeurs, l’intéressé parle de lui-même à la troisième personne du singulier sur sa page Facebook. Il s’exprime ainsi : "Il revient sur les paroles de ses bourreaux qui n'ont cessé de lui répéter: "Ici, c'est l'abattoir de Sa Majesté, on va te découper en morceaux, faire de toi de la viande hachée et tu sortiras dans des boîtes de conserve. Nous, on ne dépend ni du ministère de l'Intérieur, ni du ministère de la Justice, nous on travaille directement avec le roi et ça, c'est les ordres du roi". C’est fort ! Quelle imagination ont les tortionnaires de Moumni ! En faire de la viande hachée dans des boites de conserve ! Ça doit être des tortionnaires offshore, parce qu’on ne vend pas au Maroc de la viande hachée dans des boites de conserve. Et d’ajouter : "Il explique comment il a reconnu le directeur de la DGST marocaine Abdellatif Hammouchi présent lors d'une des séances de torture". Le patron du contre-espionnage marocain qui, en dépit de toutes les missions dont il a la charge et des dossiers hautement prioritaires pour la sécurité de l’Etat dont il s’occupe, n’a pas trouvé mieux à faire que de se présenter devant Moumni et écouter ses déclarations liées à l’escroquerie de 2.800 euros.
Plus drôle, l’intéressé déclare que "la seule personne qui a menacé Zakaria de mort en France, c'est Mounir Majidi, le secrétaire particulier du roi". Cette menace à mort a eu pour théâtre Betz. On imagine Mounir El Majidi, secrétaire particulier du roi Mohammed VI, faisant la sentinelle dans une guérite devant la résidence royale de Betz et proférer des menaces de mort contre Zakaria Moumni. Et pourquoi ? Zakaria Moumni omet de nous le dire. Il suffit qu’il soit Zakaria Moumni et qu’il cite le patron du contre-espionnage et le secrétaire particulier du roi pour espérer jouer dans la cour des grands. Heureusement pour lui que le ridicule ne tue pas.
Les allégations et affabulations de Zakaria Moumni mettent à nu une nouvelle race d’opposants : des racketteurs, maîtres chanteurs qui tirent à boulets rouges sur le Maroc et s’agitent dans les organisations des droits de l’Homme, soit parce que leur attente d’une récompense a été déçue, soit pour monnayer leur silence. Naguère, on pouvait ne pas être d’accord avec des militants et respecter leurs points de vue et leurs positions. Aujourd’hui, seuls la consternation et le mépris s’imposent dès que l’on cherche leurs motivations.