Jamais Karima n’aurait un jour imaginé que le père de ses enfants allait l’envoyer en prison. Pourtant, c’est ce qu'il s’est passé.
Alors qu’elle avait divorcé depuis peu, dix mois exactement, son ex-mari a déposé sur son compte un ancien chèque en blanc de Karima, sur lequel il noté le montant 4 millions de dirhams. Une somme dont elle ne disposait pas.
«Après 15 ans de mariage, 10 mois après notre divorce, je découvre qu’il planifiait un projet de vengeance. Il a déposé un chèque que j’avais signé, et l'a versé…», explique notre interlocutrice. Le chèque étant signé de sa main, elle lui était donc redevable de cette somme de 4 millions de dirhams. A partir de là, c'est l'engrenage.
Condamnée à 3 ans de prison au tribunal de première instance et à trois ans et demi lors du jugement en appel, Karima dit pourtant n’avoir rien à regretter. Sauf, peut-être, le fait de n’avoir pas placé des limites à la confiance qu’elle avait en son époux. «J’avais une confiance aveugle en lui. Mais j’aurais dû fixer des limites».
L'aîné de ses trois garçons essaiera pourtant d’intervenir auprès de son père pour qu’il retire sa plainte, mais il n’a même pas voulu le recevoir. «Je lui ai expliqué que ce n’était pas grave et qu’il sera toujours mon fils, mon héros», déclare Karima, d’un ton serein.
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C’est avec beaucoup de sagesse que cette femme condamnée à vivre trois ans et demi entre les murs de la prison de Ain Sebaâ à Casablanca, loin de ses enfants qui résident avec sa famille, fait le récit de son naufrage qu'elle dit provoqué par son ex-mari
«J’avais une vie normale comme n’importe qui, nourrie d’ambitions. J’ai décroché mon bac, la licence, un diplôme en ingénierie logistique, j’ai fais du coaching, une formation continue… Ensuite, j’ai décroché un diplôme qui m’a permis d’obtenir mon agrément d’agent général d’assurance», raconte Karima.
Karima n’arrive toujours pas à réaliser que la personne avec laquelle elle a partagé sa vie l’a envoyé en prison. «Devant le tribunal de la famille, au moment du divorce, il avait stipulé qu’il était incapable de prendre en charge ses enfants et de subvenir à leurs besoins. Et moi, je l’avais accepté. Ensuite, je vais découvrir son projet de vengeance. Et c’est monstrueux», confie Karima avant de poursuivre: «Il n’a, à aucun moment, tenu compte des liens familiaux qui nous unissent, ni le lien du mariage qui existait. II n’a pas pensé aux enfants et à leur avenir…».
En prison, Karima dit avoir gagné en maturité. «Cette expérience douloureuse m’a ouvert les yeux. Maintenant je sais que ce genre de comportement abjecte est possible et que ce genre de personnes existe». Aujourd’hui tout ce à quoi elle pense est retrouver ses enfants et de vivre de bons moments à leurs côtés.