L’association Tahadi pour l’égalité et la citoyenneté (ATEC) a organisé, lundi 10 octobre 2022 à Casablanca, une conférence sur le Code de la famille, la Moudawana.
Plusieurs militantes des droits de la femme étaient présentes pour rappeler la nécessité, aujourd’hui plus que jamais, de réformer la Moudawana.
Les revendications peuvent se résumer comme suit: fin du mariage des mineurs, analyse ADN pour la reconnaissance de la paternité des naissances hors mariage et partage de tutelle légale en cas de divorce. Lors de cette réunion, les militantes ont également réclamé le fait de mentionner le partage des biens communs dans l’acte de mariage pour un partage équitable des biens cumulés.
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«La responsabilité incombe aux institutions étatiques qui sont obligées de certifier les contrats des biens cumulés, dont la conservation foncière et la Trésorerie générale du Royaume, pour que cette femme qui a vécu avec cet homme durant des années, qui a travaillé à la maison ou à l’extérieur, puisse bénéficier du partage équitable des biens», affirme Bouchra Abdou, la directrice de l’ATEC.
Aïcha Lablak, membre du bureau politique du Parti du progrès et du socialisme (PPS) a pour sa part souligné que les changements survenus au sein de la société marocaine sont la preuve, qu’après la Constitution de 2011, la Moudawana est aujourd'hui dépassée et doit être révisée.
«Il est important aujourd’hui et, surtout après le dernier discours royal prononcé à l'occasions de la fête du Trône, de procéder à une réforme complète de la Moudawana», déclare cette militante connue pour avoir, depuis toujours, défendu avec ferveur les droits de la femme. Elle a tenu à préciser, sans mâcher ses mots, que «l’approche doit uniquement s'appuyer sur les droits de l’homme, avec un souffle militant, dans le but de respecter les engagements du Maroc après la Constitution de 2011».
Pour cette politicienne du PPS, il est temps également de lutter contre les termes réducteurs très présents dans la Moudawana. L'occasion de changer les mentalités en faisant aussi très attention aux mots et aux concepts.
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Bouchra Abdou a aussi poussé un coup de gueule concernant l’approche qu’elle nomme «régressive», lorsqu’il s’agit de reconnaître la paternité d’un enfant né en dehors des liens du mariage. «Ces enfants sont rejetés par la société. Je ne comprends pas pour quelle raison, en ce qui concerne la reconnaissance de la paternité, on ne se réfère toujours pas à l’expertise médicale, scientifique et génétique qui consiste à procéder à une analyse ADN, comme c’est le cas dans d’autres pays».
Aïcha Guellaa, avocate et présidente de l’Association marocaine du droits des victimes (AMDV) signale pour sa part que 18 ans après la mise en application de la Moudawana, les mentalités doivent changer et le référentiel de 2004 doit être abandonné au profit d’un nouveau qui réponde à l’évolution de la société marocaine.
«Il faut réformer entièrement la Moudawana, car aujourd’hui l’article 400, par exemple, s'inscrit en porte à faux avec les acquis des femmes au fil de toutes les conventions récentes qui ont été signées. Je parle de la polygamie, du mariage des mineurs et j’en passe…», a-t-elle conclu.