Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, passe à l’offensive. Il a décidé de mener une guerre contre les spéculateurs, appelés «chenaqa», qui ont perturbé les chaînes de distribution et provoqué une tension sociale, due à la flambée des prix des produits de consommation de base, malgré leur abondance sur les marchés.
Et ce, alors que le gouvernement a dépensé des milliards de dirhams pour soutenir les producteurs en subventionnant les importations agricoles, les importateurs et les transporteurs de marchandises.
Le ministre, écrit le quotidien Assabah de ce mercredi 5 mars, a affirmé que ses services, à travers la Direction générale des collectivités territoriales, travaillent actuellement sur une feuille de route nationale pour la réforme des abattoirs de viandes rouges, des marchés de gros de fruits et légumes, ainsi que des marchés hebdomadaires.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’accompagnement des collectivités territoriales vers la modernisation des infrastructures commerciales locales.
«Afin de résoudre le problème de l’enchevêtrement des compétences entre plusieurs ministères, qui se renvoient la responsabilité du retard dans les réformes faute de révision des décrets régissant la structure gouvernementale, le ministre de l’Intérieur a pris l’initiative de développer ces infrastructures vitales en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, ainsi que celui de l’Industrie et du Commerce. Ainsi, ses services ont annoncé en 2024 le lancement d’appels d’offres pour mener une étude en vue de l’élaboration de cette feuille de route», écrit-on.
Selon le ministre, cette feuille de route nationale constitue un outil stratégique pour le suivi de la réforme de ces infrastructures, en définissant les nouveaux projets à réaliser, ceux qui seront réhabilités, déplacés ou fermés, selon un calendrier précis et une structure institutionnelle et financière approuvée par toutes les parties concernées.
Parallèlement, un programme national de réhabilitation des marchés hebdomadaires est en cours de préparation, en partenariat avec les ministères susmentionnés.
Ce programme vise à organiser les espaces d’activités économiques au sein de ces infrastructures, à renforcer l’attractivité des territoires, à améliorer la compétitivité et le développement durable, à créer des opportunités d’emploi et à améliorer les conditions de vente et de travail des commerçants, artisans et usagers des marchés.
D’après une réponse écrite du ministre de l’Intérieur à une question parlementaire posée récemment par Driss Sentissi, président du groupe Haraki à la Chambre des représentants –dont Assabah détient une copie–, ce programme sera doté d’une enveloppe budgétaire d’un milliard de dirhams.
Ce financement proviendra du ministère de l’Intérieur via la Direction générale des collectivités territoriales (500 millions de dirhams), du ministère de l’Agriculture (250 millions de dirhams), ainsi que du ministère de l’Industrie et du Commerce (250 millions de dirhams).
Le ministre a indiqué que son département travaillait en consultation et en coordination avec tous les ministères concernés pour élaborer une législation spécifique à ces infrastructures.
Cette réforme vise à organiser leur création, leur mise à niveau, ainsi que la définition des équipements et services indispensables, tout en intégrant des méthodes modernes de gestion et d’exploitation.
Les producteurs ont critiqué les gouvernements successifs pour leur retard dans la réforme des chaînes de distribution.
Ils estiment que l’absence de réglementation stricte a permis aux intermédiaires et spéculateurs d’engranger des milliards de dirhams en profitant du chaos dans les marchés et les ports.
En conséquence, les agriculteurs et les pêcheurs sont contraints de vendre leurs produits à des prix dérisoires, tandis que les consommateurs les achètent à des prix multipliés à plusieurs reprises.
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