Lundi 3 décembre 2018, Rabat. La Commission technique mixte, mise sur pied le 2 novembre, d'un commun accord entre le gouvernement et les secrétaires généraux des syndicats, se réunit. Moins d'une heure aura suffi pour que les représentants syndicaux en claquent la porte.
Le lendemain, des communiqués fusent. Tour à tour, les centrales syndicales les plus représentattives (Union marocaine du travail -UMT; Union générale des travailleurs du Maroc -UGTM; Confédération démocratique du travail -CDT) font savoir, une nouvelle fois, leur mécontentement quant à l'offre gouvernementale.
Les syndicats se seraient donnés le mot pour boycotter les prochains rounds du dialogue social. Mais à dire vrai, la présence de leurs représentants à la réunion de la Commission technique mixte ne l'était que "pour la forme"-comme l'on dit. D'autant que leurs patrons savaient pertinemment qu'ils n'obtiendraient pas gain de cause, que leurs revendications n'aboutiraient pas.
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Mieux encore, l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM), bras syndical du Parti de la justice et du développement (PJD), un temps hésitant, a fini par se rallier aux autres syndicats, affichant clairement son désaccord avec le gouvernement.
Cette énième impasse a d'ailleurs définitivement signé la mort du dialogue social. Les syndicats ont déclaré qu'ils boycotteraient tous les prochains rounds de négociations.
Rien ne va plus
Saâd-Eddine El Othmani, nommé chef du gouvernement en avril 2017, en remplacement de son collègue dans le parti, Abdelilah Benkirane, avait pour ambition de dépasser le blocage initial du dialogue social. Il a ainsi réitéré, maintes fois, sa détermination à "communiquer de manière continue et régulière avec les différentes parties pour réussir le dialogue social".
"Le dialogue social est un choix stratégique pour le gouvernement et notre pays, et nous œuvrons d'arrache-pied pour le réussir et en faire un dialogue continu en application des hautes orientations royales contenues dans le dernier discours du Trône", avait déclaré le chef du gouvernement, après le discours du roi Mohammed VI prononcé le 29 juillet 2018.
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Cependant, les bonnes intentions d'El Othmani ont buté sur la réalité et l'intransigence des syndicats.
L'offre du gouvernement consiste en une augmentation de 400 dirhams pour les fonctionnaires classés de l’échelle 5 à l’échelle 10, étalée sur trois années, 200 DH à compter de janvier prochain, 100 DH en 2020 et autant une année plus tard.
Les syndicats opposent un "non" catégorique à cette offre. Ils réclament une hausse du SMIG sur la base d’un seuil minimum de 3.000 dirhams et une hausse généralisée (concernant aussi bien le secteur public que privé) des salaires inférieurs à 5.000 DH.
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La loi de Finances 2019 n'a fait que consacrer le divergences entre les différentes parties, les mesures y figurant étant jugées "impopulaires".
"Elles ne répondent pas aux aspirations des travailleurs. Les syndicats ne peuvent accepter une offre aussi faible, ne prenant pas en compte les conditions sociales des salariés et des ouvriers", a pesté le secrétaire général de l’UMT, Miloudi Moukharik.
Reste la réforme du Code de travail, encore un voeu pieu, qui piétine depuis de longues années. Voilà encore un projet qui a été renvoyé aux calendes grecques...