Les professionnels du secteur de l’édition, de la vente des livres et des manuels scolaires ont estimé le montant des pertes qu’ils vont subir lors de la prochaine année scolaire à 130 millions de dirhams. Un déficit qui est causé par ce qu’ils appellent les modifications hâtives et aléatoires opérées par la direction des programmes scolaires au sein du ministère de l’Education nationale.
Le libraire Abdelali Sabil affirme que les professionnels du livre sont prêts à durcir leur mouvement face au silence du département de tutelle après le sit-in qu’ils ont organisé mardi dernier à Rabat. Il indique qu’un grand nombre d’éditeurs et de libraires sont menacés par la faillite et n’arrivent pas à comprendre la logique avec laquelle le ministère traite ses partenaires.
Car, ajoute le même intervenant, les modifications opérées annuellement par la direction des programmes et des ouvrages scolaires, les obligent à faire d’importants investissements dans l’édition, la distribution et la vente. D’autant, poursuit-il, qu’un grand nombre de libraires n’arrivent pas à rendre le stock de livres invendus, ni à être remboursés. Autant dire que les lieux de stockage sont saturés. Des stocks auxquels il faut ajouter les manuels scolaires et ouvrages en cours de preparation et d’édition qui vont décupler le déficit des professionnels du livre.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du samedi 29 juin, que les librairies ont organisé des sit-in dans plusieurs régions du royaume pour protester contre cette situation inextricable. Le président de plusieurs associations de libraires, Hassan Kamoun, a déclaré que ces mouvements de protestation font suite à la décision du ministère de l’Education nationale de changer, d’un seul coup, plusieurs manuels scolaires sans se concerter avec les libraires qui sont les premiers concernés. Ce qui est encore plus aberrant, ajoute Kamoun, c’est que ce département est au courant des pertes que subissent les libraires. Mais, dit-il, il ne leur donne même pas le droit de restituer les invendus aux éditeurs comme cela se fait dans de nombreux pays.
Il s’interroge d’ailleurs sur les raisons de la suppression, depuis 2014, de l’article qui stipule le retour des stocks de livres aux éditeurs. Il faut rappeler que le ministère de l’Education nationale a annoncé la modification des programmes scolaires relatifs aux langues dans le primaire à partir de l’année scolaire 2019/2020. Il a ainsi décidé qu’il adopterait un nouveau programme scolaire pour la troisième et la quatrième année du cycle primaire concernant la langue arabe, la langue française, l’histoire et géographie ainsi que les mathématiques et les sciences.