Un nouveau mode de gestion qui révolutionnera de fond en comble le management des établissements sanitaires au Maroc. Dans le cadre de la réforme du secteur de la santé, notamment au niveau de sa gouvernance, conduite sous l’impulsion du roi Mohammed VI, le ministère de la Santé et de la Protection sociale procédera à la mise en place de groupements de santé territoriaux (GST).
Un peu de théorie pour commencer. Le GST est un instrument de pilotage régional qui définit la répartition des ressources médicales et paramédicales du territoire régional et son mode d’exercice. Il s’agit aussi d’un outil de réorganisation de l’offre de soins qui a pour objet l’optimisation de la disponibilité et de la mutualisation des ressources, entre réseaux et filières de soins, des structures ambulatoires jusqu’au niveau tertiaire, le Centre hospitalier universitaire (CHU).
Lire aussi : Réforme de la santé: Khalid Aït Taleb se réunit avec des syndicats représentant les médecins du secteur libéral
Plus concrètement, la mise en place de ce nouveau modèle repose sur plusieurs principes fondamentaux, apprend-on d’une présentation de Southbridge, cabinet de conseil en stratégie, qui accompagne le ministère de la Santé et de la Protection sociale dans la mise en place de ce projet. Le premier consiste en une fusion des instances des prestations de santé au niveau régional en une seule structure de santé. Ceci permettra une meilleure mutualisation et optimisation des ressources humaines et financières entre les différents producteurs de soins, à travers la fluidification de la mobilité du personnel médical, la mise en commun des fonctions supports et les transferts d’activités entre établissements fondés sur le principe d’efficience opérationnelle et d’optimisation des coûts.
Le deuxième principe est la création d’un établissement régional de santé autonome capitalisant sur le Centre hospitalier universitaire (CHU). Ce dernier absorbera tous les établissements régionaux de santé pour devenir le chef de file au niveau régional. Il aura ainsi pour mission principale de piloter l’ensemble des établissements sanitaires et de mettre en place, au niveau de la région, les politiques sanitaires du ministère de la Santé et de la Protection sociale.
On l'aura compris, toutes les régions du Royaume doivent disposer d'un CHU. Pour le moment, le Maroc compte 5 CHU fonctionnels, à Casablanca, Rabat, Fès, Marrakech et Oujda, en plus de 3 en cours de construction à Tanger, Agadir et Laâyoune.
Lire aussi : Laâyoune: le taux de réalisation du nouveau CHU de la ville atteint 35%
L’établissement régional de santé, une fois créé, profitera d’une autonomie totale de gestion. Celle-ci s’étend entre autres sur les volets du recrutement, de la gestion administrative et des achats. Dans ce même cadre, l’établissement aura la possibilité de contracter avec le privé et même de mutualiser ses ressources avec les opérateurs privés de la région.
En plus de l’autonomie de gestion, ce nouveau modèle jouit d’une autonomie financière basée sur le régime d’assurance maladie avec un modèle de facturation totale, dit «modèle hybride». Ce dernier se base à la fois sur la facturation à l’acte et par capitation pour l’ambulatoire. Ce mode de financement sera possible après la généralisation effective de la couverture médicale de base à l’ensemble des citoyens marocains, notamment les Ramédistes.
Le cinquième principe retenu pour la conception des GST est la proximité de l’offre de soins du patient. Ceci consiste à une redéfinition du parcours du patient dans une démarche qualitative, la réallocation géographique de l’offre de santé afin de limiter les déplacements du patient, et la mise en place d’une démarche innovante avec pour objectif l’amélioration de la prise en charge du patient, notamment par la télémédecine.
Lire aussi : Info360. Khalid Aït Taleb: 5.000 médecins formés par an d’ici 2030, une convention dédiée signée mardi 5 juillet 2022
Le dernier principe consiste en un changement du statut du personnel et l'introduction de nouveaux modèles d’incitation. Ceci passe par une redéfinition des méthodes de travail, la réorganisation des conditions de travail pour les professionnels de santé et le changement du modèle de rémunération vers un système de paiement à l’acte.
Afin de piloter l’opérationnalisation des GST, le département que dirige Khalid Aït Taleb a décidé d’engager des travaux sur la région de Fès-Meknès, considérée comme région pilote, avant de la généraliser à l’ensemble du Royaume, lit-on dans la présentation de Southbridge. L’objectif de cette démarche est d’identifier et d’arbitrer toutes les questions stratégiques encore en suspens, d’expérimenter et de tirer des enseignements de cette première expérience afin d’adapter le modèle lors de la généralisation et de lancer la communication sur le projet avec un exemple concret de déploiement.