Dans la nuit fatidique qui a vu le sol marocain trembler, la ville de Marrakech n’a pas été épargnée. Mais de ce drame a émergé une lumière, celle de la solidarité, celle d’un peuple uni qui se lève, se regroupe et tend la main à l’autre. Dans les quartiers comme le Mellah, dans l’ancienne médina, la détresse est palpable, mais la mobilisation ne faiblit pas.
Sous les chapiteaux, dressés au stade du 20 Août, la solidarité prend un visage, celui des Marrakchis déplacés mais dont l’esprit demeure inébranlable. Selon Amina Lamghari, vice-présidente de l’arrondissement Marrakech-Médina, cette infrastructure sportive a été réquisitionnée pour ériger deux centres d’accueil capables d’accueillir jusqu’à 750 personnes. Jusqu’à présent, 460 individus ont trouvé refuge ici.
À travers les plis de douleurs se dessinent les sourires de ces rescapés, non pas de résignation, mais d’espoir, de détermination à reconstruire et à rêver à nouveau. «Ici, c’est comme une petite bulle de chaleur au milieu du froid qui a envahi nos vies. Nos enfants peuvent à nouveau rire, jouer, sans craindre le froid mordant. Je veux croire que ce n’est qu’une pause douloureuse dans nos vies et que bientôt nous retrouverons notre quotidien, nos habitudes, la douce normalité qui nous manque tant aujourd’hui», relate une jeune femme.
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Un sentiment partagé par ce Marrakchi qui, bien qu’ayant tout perdu, retrouve ici une forme de sécurité et de chaleur humaine: «Nous étions dans la rue pendant trois jours, perdus et choqués. Un agent d’autorité m’a guidé ici, vers un lieu où l’entraide n’est pas un vain mot. Depuis notre arrivée, on ressent une bienveillance, une main tendue qui nous aide à nous relever. Hamdoullah, nous sommes entourés de soins et d’attention, une présence rassurante dans cette tourmente. On ne manque de rien. De l’eau, de la nourriture, des couvertures, des lits… Tout est ici.»
«Personne ne s’attendait à ce séisme. Mais, quand on regarde autour, on réalise que cela aurait pu être bien pire. Les dommages auraient pu être catastrophiques. Je tiens vraiment à remercier le roi Mohammed VI pour toute l’aide qu’il nous a apportée dans ce moment critique. C’est un véritable soulagement de voir tous les moyens mis en place ici pour nous soutenir. Il y a une unité médicale mobile qui nous assure une assistance médicale au besoin. Et puis, il y a de la nourriture en suffisance et des habits pour ceux qui n’ont rien pu emporter», confie une femme, une profonde gratitude dans le regard.
Toutefois, au cœur de cette solidarité orchestrée par les autorités locales, un sentiment de résistance émane d’une partie des habitants du Mellah qui refuse de s’installer dans le stade aménagé par la Commune, bravant les dangers inhérents à la situation difficile dans laquelle elle se trouve. Ces personnes ne veulent pas être logées loin de leurs maisons. Elles affirment être davantage rassurées à proximité de leurs habitations qui menacent de s’effondrer. La raison? Elles ont peur pour les biens qu’elles ont laissés à l’intérieur de leurs demeures avant de les quitter dans la précipitation.
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Une femme d’un certain âge, le visage marqué par les événements récents, exprime son désir impérieux de récupérer ses effets personnels avant de décider de ses prochains pas. «Notre foyer n’est plus accessible et nos biens sont pris au piège là-bas», déplore-t-elle. Une autre jeune femme partage cet avis, hantée par l’idée d’abandonner ses biens au milieu du chaos. «Nos biens, nos documents… toute une vie se trouve sous ces décombres. Nous n’avons plus rien», se lamente-t-elle.
Dans la gestion de la catastrophe, le relogement est un défi majeur auquel seront confrontées les autorités. Les habitants du Mellah réfractaires à s’éloigner de leurs logis ne sont que le préalable le moins ardu de cet épineux sujet.