Comme notre ami Fouad Laroui, je ne regarde plus les télévisions françaises. Je n’ai plus confiance dans leur déontologie. Leur parti pris est si flagrant qu’on sent qu’on est impuissant à rétablir la vérité sur ce qu’il se passe en Palestine. Les débats sont à sens unique. Au fond, le thème récurrent tourne autour de l’islam et des musulmans, lesquels n’ont jamais espéré être aimés, seulement respectés. Cela hante la plupart des pays européens et se traduit par la progression des partis d’extrême droite. Et l’Islam a bon dos!
Le conflit israélo-palestinien, à force de répéter qu’il va être transporté en France, a fini par s’installer dans les mentalités et les discussions. Sans se poser la question de la justice, encore moins celle de la vérité de l’histoire.
Certes, l’antisémitisme s’est répandu de manière agressive ces derniers temps. Des familles juives ont peur. Leurs enfants évitent de porter la kippa. La haine des juifs ressurgit avec violence. L’islamophobie aussi. Les musulmans se tiennent tranquilles. Ils travaillent et ne demandent rien à personne. Ils veulent qu’on les laisse en paix. Mais les médias et les politiques n’hésitent plus à les stigmatiser.
La population française découvre pour la énième fois qu’elle ne vit pas en sécurité. Les milliers d’individus fichés «S» (pour le mot «Suivi» ou «Surveillé») sont là et à n’importe quel moment, quelqu’un, un peu énervé, est capable de se procurer un couteau ou un marteau et d’aller tuer des passants au hasard. Il n’oubliera pas de crier «Allah Akbar!», transformé en signe de ralliement à Daech, l’entreprise criminelle qui fait tant de mal à l’islam et aux musulmans.
La police n’a pas le moral et la population ne l’aime pas.
Il y a une tension dans l’air. Plus grave, une sorte de déprime atteint les gens dans l’ensemble et se traduit par une peur du terrorisme qui peut frapper à n’importe quel moment. C’est le propre de la terreur: faire trembler de peur la population.
Pour atteindre une situation saine et paisible, il faut d’abord que le peuple sente qu’il a un chef, une autorité, une puissance qui le protégerait et qui mènerait le pays vers des jours meilleurs.
La perspective de voir l’extrême droite arriver au pouvoir n’est plus un fantasme, mais une réalité. L’Europe est prise en ce moment d’une vague d’extrémisme et de populisme qui gagne de plus en plus de terrain.
Pendant ce temps- là, ni les forces de gauche ni celles de la droite traditionnelle ne sont en mesure d’arrêter, en France, la progression du Rassemblement national. Certes nous sommes encore loin de 2027. Mais cette échéance ne fait pas bouger tout le monde. Seul le RN y croit et fait tout pour réussir en fin de compte.
Verra-t-on un duel «Mélenchon-Le Pen»? Ce serait terrible. Je sais que Jean-Luc Mélenchon, du moins ses discours, plaisent à mes compatriotes. Mais à aucun moment, il ne s’est prononcé clairement, comme l’ont fait Éric Ciotti et Rachida Dati, sur l’intégrité territoriale de notre pays et par conséquent sur la marocanité du Sahara. Son discours a été un peu flou.
La France est bloquée sur cette question, à part quelques voix de la droite qui disent leur soutien pour la cause marocaine. La gauche, rien. Pas un mot. Elle cultive encore le vieux réflexe de l’Algérie, une république plus proche des institutions françaises que la monarchie. Cette gauche se trompe. Elle sait pertinemment qu’avec l’Algérie, il y aura toujours «la rente mémorielle» (dixit Emmanuel Macron) et une culpabilisation éternelle de l’ancien colonisateur.
Une proposition de loi déposée par Les Républicains voudrait remettre en cause l’accord de 1968 avec l’Algérie favorable aux ressortissants de ce pays pour la circulation, le séjour et le travail en France. Certains hommes politiques de la droite ne cessent de répéter qu’il n’y a rien à attendre d’une Algérie dirigée par une junte militaire qui cultive la haine de la France et cherche à provoquer le Maroc.
C’est dans cette atmosphère morose et triste que l’année se termine. Macron viendra à la télévision présenter ses vœux au peuple de France. Il n’a qu’à utiliser le discours de l’année dernière. On n’y verra que du feu. Bonne année quand même! Espérons qu’elle ne sera pas aussi néfaste que celle qui se termine avec, chaque jour, des centaines de Palestiniens assassinés par l’armée d’Israël dans l’indifférence quasi générale et, surtout, avec l’impunité absolue dont bénéficie cette armée qui ne connaît pas de limites.