Le projet de la station de traitement des eaux usées de Fès figure parmi les initiatives pionnières aux niveaux national et continental. Il constitue un maillon essentiel d’un système intégré d’assainissement liquide, conçu pour protéger l’environnement et atteindre les objectifs de développement durable. Ce projet répond aux déséquilibres causés par la pollution du bassin de Sebou, qui entraîne des pertes annuelles estimées à un milliard de dirhams, impactant tant l’écosystème que la population locale.
Achevée en 2014 sur une superficie de 14 hectares dans la commune rurale d’Ain Bouali, cette station a nécessité un investissement de 1,104 milliard de dirhams, financé dans le cadre d’un partenariat public-privé. Elle apporte des solutions concrètes aux problématiques de gestion intégrée des ressources en eau dans la région de Fès-Meknès, tout en améliorant les conditions de vie et de santé de millions d’habitants. Son impact s’étend au bassin de Sebou, ainsi qu’aux provinces de Moulay Yacoub, Taounate, Sidi Kacem, Kénitra et à la ville de Fès elle-même.
Selon Younes Guagua, chef du service de la station de traitement des eaux usées à l’Agence autonome de distribution d’eau et d’électricité de Fès (RADEEF), la mission principale de cette station est à la fois écologique et biologique. Elle élimine les polluants des eaux usées domestiques et industrielles à travers plusieurs étapes: élimination des gros et moyens déchets, pompage, filtration des petits déchets, décantation des sédiments et des huiles, traitement des matières en suspension et, enfin, purification biologique. Une fois traitées, les eaux sont rejetées dans le bassin de Sebou en conformité avec les normes nationales de qualité. Les résidus solides, quant à eux, sont séchés pour produire du biogaz naturel.
Grâce à ces procédés, la station génère une eau traitée de haute qualité, contribuant à la préservation de la biodiversité, à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et au développement urbain et agricole de la région.
La station s’appuie sur des technologies modernes, telles que le système de «boues activées à charge moyenne», et dispose d’un laboratoire dédié à l’analyse de la qualité de l’eau à chaque étape du traitement. Elle intègre également un réseau de gestion des boues, basé sur une méthodologie de «cogénération», permettant de couvrir 50% de ses besoins énergétiques.
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Pour renforcer la durabilité du projet, une unité de séchage solaire des boues a été achevée fin 2023. Première du genre dans la région de Fès-Meknès et deuxième au niveau national, cette unité, d’un coût de 166 millions de dirhams, permet de sécher environ 90.450 tonnes de boues par an. Ces boues, issues de la pollution extraite des eaux usées, seront recyclées afin de réduire l’impact environnemental et de protéger les écosystèmes.
Dotée de 29 serres de séchage, dont 24 dédiées au processus de séchage et 5 au stockage, cette infrastructure produit annuellement 24.000 m³ de boues sèches. Des études sont actuellement en cours pour leur valorisation, contribuant ainsi à un environnement plus durable.
Ce projet d’envergure, qui génère des retombées positives sur les plans sanitaire, biologique, économique et environnemental, s’inscrit dans le cadre du Plan national d’assainissement liquide. Il illustre les efforts continus du Maroc pour protéger l’environnement et préserver ses ressources naturelles.