Les médecins indépendants ne sont toujours pas satisfaits de la cotisation qui leur a été fixée pour intégrer le régime de l’Assurance maladie obligatoire (AMO), dans le cadre de la généralisation de la couverture sociale. Contacté par Le360, le Dr Saïd Afif, président du Collège syndical national des médecins spécialistes privés, a tenu à affirmer que les revendications des médecins libéraux sont tout à fait légitimes, et a dénoncé une «campagne de diffamation et de diabolisation» les visant.
Les médecins libéraux, rappelons-le, doivent cotiser, sur la base d’un revenu forfaitaire (le SMIG multiplié par 4 pour les généralistes et à 5,5 pour les spécialistes), à hauteur d’un taux de 6,37% pour la couverture médicale et à hauteur de 10% pour la retraite.
Ces médecins dénoncent l’absence d’équité dans la fixation de ce montant par rapport à d’autres catégories et des mesures incitatives d’accompagnement promises lors d’une réunion entre les syndicats des médecins et les responsables du dossier, notamment le ministère de la Santé, celui du Travail, l’Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM), la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM).
Lire aussi : Couverture sociale des médecins libéraux: voici pourquoi les bases de cotisation font polémique
Pour le Dr Saïd Afif, les professionnels de la santé de cette catégorie ont été fortement taxés, étant donné que les autres professions libérales sont tenues de payer des cotisations annuelles inférieures à la leur.
Le président du Collège syndical national des médecins spécialistes privés se dit aussi étonné de la position du gouvernement vis-à-vis des médecins, qui se sont longtemps engagés pour bénéficier de la couverture sociale. Le Dr Saïd Afif a aussi affirmé qu'un grand nombre d'entre eux sont décédés alors qu’ils étaient au front face à l’explosion du nombre de cas de contamination du Covid-19, et ce, sans bénéficier d'une police d'assurance, ni d'une quelconque indemnisation.
Le Dr Saïd Afif a, par ailleurs, critiqué la gestion de l’Exécutif du chantier de la réforme de la couverture sociale, signalant que plusieurs conventions de soins n’ont pas été renouvelées et que les assurés continuent à en payer les frais.
Interpellé sur cette question par Le360 lors de son passage à l'émission Grand format-Le360, Hassan Boubrik, directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), avait signalé que «du moment qu’on est dans un système de forfait, il est clair qu’on n'aura pas nécessairement une équité totale entre catégories ou à l’intérieur de la même catégorie. Vous pouvez avoir un médecin spécialiste qui peut gagner 300.000 dirhams par mois, qui va contribuer à 5,5 fois le SMIG. Vous aurez un médecin qui a une clinique et qui peut déclarer un salarié, peut-être, à 10 fois le SMIG, et qui va contribuer à 5,5 fois le SMIG».
«Peut-être que demain, justement si on veut arriver à plus d'équité, on peut imaginer que la cotisation sera assise sur des revenus réels qui sont déduits de déclarations fiscales. On y viendra peut-être un jour quand on gagnera un peu plus de maturité dans nos systèmes», a ajouté le patron de la CNSS.
En ce qui concerne les mesures incitatives attendues par les médecins libéraux, Hassan Boubrik a aussi indiqué avoir tenu une réunion, pas plus tard que le mercredi 8 décembre dernier, avec les syndicats qui représentent cette corporation. Selon le DG de la CNSS, cette rencontre s'est déroulée dans d’excellentes conditions, et des discussions sont toujours en cours.