Le professeur de médecine et docteur en épidémiologie Jaafar Heikel, qui a mis à disposition de l'Etat la clinique privée De Vinci, est engagé avec l'ensemble de son équipe dans la lutte contre le Covid-19.
Depuis le début de la pandémie, plus d’une centaine de patients ont été traités au sein de son établissement suivant le protocole établi par le ministère de la Santé. Selon ce protocole, un patient est déclaré guéri du Covid-19 et autorisé à sortir de l’hôpital après deux tests RT-PCR négatifs réalisés à 24 ou 48 heures d’intervalle.
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Une fois sortis de l’hôpital, les patients sont invités à rester confinés chez eux pendant quinze jours en respectant rigoureusement les gestes barrières et le port du masque, au cas où persisterait une charge virale minime et indétectable au test.
En contact constant avec ces patients guéris, le professeur Heikel observe, à ce jour, l’absence de séquelles organiques, mais se questionne sur les effets psychologiques liés à l’hospitalisation, au confinement et au regard des autres vis-à-vis de la maladie.
«Il y a une guérison clinique des signes: il n’y a plus de fièvre, de toux, de gêne respiratoire, de diarrhée ou d’autres troubles métaboliques. Il pourrait en apparaître d’autres, mais à ce jour ce n’est pas le cas… Je n’ai observé aucune séquelle physique. Maintenant, sur le plan psychologique, je ne peux pas encore me prononcer», explique le professeur Heikel qui estime manquer de recul.
«Cela fait sept semaines que nous traitons des patients, nous avons un mois et demi de recul. Est-ce que dans trois ou quatre mois nous allons observer d’autres choses? Je ne sais pas, on en apprend tous les jours avec cette maladie», ajoute le médecin.
Concernant les rechutes, aucun cas n’a été enregistré pour le moment au Maroc. Un patient ayant subi deux tests RT-PCR négatifs est considéré comme guéri, mais cela ne veut pas dire pour autant que la charge virale est nulle. Elle pourrait être de nouveau détectée par des tests réalisés après la période de confinement post-rémission et induirait alors une rechute.
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Selon le professeur Heikel, une réinfection est théoriquement possible si le niveau de protection et de l’immunité acquise devait s'avérer insuffisant pour protéger les patients dans la durée en cas de nouvelle rencontre avec le virus.
«Aujourd’hui, on ne maîtrise pas encore le degré d’immunité acquis lorsqu’on a été infecté par le Covid-19. Cette immunité existe-t-elle? Quel est son niveau de protection? Sa durabilité? Les réponses à ces questions nous permettront d’adapter les stratégies de déconfinement, en matière de réorganisation de la vie sociale et économique, et de vérifier quel est le degré d’immunité collective ou individuelle acquis au sein de la population», conclut le professeur.