Situé entre la nouvelle et l’ancienne ville de Fès, le quartier du Mellah est à proximité des murs du palais royal. Ce quartier était jadis divisé en trois quartiers: un quartier dit «musulman» comprenant les palais des princes mérinides, un quartier spécial pour les familles immigrées d'Andalousie, et un quartier pour l'élite juive. Le «Mellah» tire son nom de «melh» qui signifie sel en arabe. Il est nommé ainsi car le site où il a été édifié est un ancien marché de sel.
Tout au long de l'histoire, le Mellah était le quartier où vivait et travaillait la communauté juive tout en cohabitant avec les musulmans sans aucun problème, se souvient Elharraq Alami, un habitant du Mellah.
Lire aussi : Vidéo. Mémoire commune: tout ce qu’il faut savoir sur le futur musée de la culture juive de Fès
La plupart possédaient des commerces et certains de ceux voisins de la communauté juive se souviennent encore de la période de présence des juifs dans ce quartier.
«J’habite dans le Mellah depuis 1964. A l’époque, j’étais le seul musulman à habiter avec les juifs. Certains étaient commerçants, d’autres orfèvres et nous coexistions sans aucun problème et dans le respect. Nos enfants étaient comme les leurs et leurs enfants comme les nôtres», confie Alami.
Si aujourd’hui la communauté juive a quitté le Mellah, les juifs n’ont jamais coupé le lien qui les unit à ce lieu. «Certains des juifs qui habitaient le Mellah reviennent me voir. L'un d'entre eux m’a rendu visite l'année dernière, nous avons discuté et nous nous sommes rappelés les bons souvenirs de l’époque. Le Mellah de Fès est le lieu de naissance de nombreux membres de la communauté juive», indique Elharrak Alami en félicitant le roi Mohammed VI pour sa décision de rétablir les relations entre le Maroc et Israël: «cette décision est historique et excellente, que Dieu préserve notre roi».
Lire aussi : Vidéo. Marrakech: rencontre avec les derniers habitants juifs du Mellah
Certains juifs possèdent encore des propriétés dans le Mellah et continuent de percevoir des loyers même s'ils n’y habitent plus.
«Monsieur Bensoussan possède plusieurs propriétés dans le Mellah. A sa mort, ses enfants, qui habitent à Paris, ont chargé Monsieur Cohen, un avocat juif d’origine marocaine qui habite Sefrou de gérer leur patrimoine. Mon père, qui était l’apprenti de Monsieur Bensoussan, avait la confiance de cette famille et quand il est mort, j’ai hérité de cette mission et «hamdulah» tout ce passe bien», indique Mouhcine El Hamdani qui accomplit cette mission depuis 12 ans.