La défense d’une partie des victimes du groupe immobilier Bab Darna, a déposé, début juin, une requête auprès du premier président de la Cour d’appel de Casablanca, afin de convoquer, en tant que témoins, plusieurs patrons de banques, pour retracer les avances confiées par les victimes au groupe immobilier incriminé, lesquelles avances se sont évanouies dans la nature. Le montant des avances non restituées par le groupe Bab Darna est estimé à plus de 400 millions de dirhams.
Le scandale immobilier du groupe Bab Darna avait éclaté fin 2019, avec l’arrestation de son PDG Mohamed El Ouardi. Environ douze projets immobiliers «fictifs», tous standings confondus, avaient été commercialisés par le groupe Bab Darna, ces deux dernières années.
Mohamed El Ouardi et ses multiples sociétés immobilières ne détenaient aucun des terrains sur lesquels devaient être bâtis ces projets, laissant ainsi sur le carreau plus de 1.200 réservataires.
Interrogé par Le360 sur le rôle que pourrait jouer la Banque centrale pour aider les victimes à faire la lumière sur la destination finale de ces fonds, Abdellatif Jouahri a d’emblée précisé sa position de principe: «nous avons pour principe fondamental que dès qu’un dossier est entre les mains de la Justice, nous n’intervenons pas. Il appartient à la Justice de faire son travail de bout en bout».
Pour le Wali de Bank Al-Maghrib, «la Justice peut convoquer qui elle veut. Personne n’est au-dessus de la loi. Si on me convoque, moi, en tant que gouverneur de la banque centrale, j’irai en tant que gouverneur. C’est à la Justice d’apprécier».
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Sur l’éventuelle convocation des présidents de banques qui ont traité avec le groupe Bab Darna, Abdellatif Jouahri a tenu à souligner que «les présidents de banque, que je connais bien, sont respectueux et de la loi et de la Justice», assurant que «personne ne cherchera à éviter de dire ce qu’il s’est passé, ou à occulter la vérité». «S’ils ne sont pas convoqués mais qu’on leur adresse des questions, ils vont y répondre», a-t-il expliqué.
«Mais nous, en tant que banque centrale, nous n’intervenons plus, sauf à la demande de la Justice, c’est à dire si elle nous demande de l’aider par un complément d’inspection, ou autre», a insisté le gouverneur de la Banque centrale du Royaume.
«Cette position est la même que celle que nous avons eu dans le dossier du CIH (un autre scandale financier qui avait défrayé la chronique au début des années 2000, Ndlr.). Une fois que le dossier était entre les mains de la justice, le régulateur (BAM) n’est plus intervenu», a rappelé le Wali.
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«Je vous dis encore une fois: si moi-même, en tant que Wali de Bank Al-Maghrib, on m’appelle, j’irais devant la Justice», a-t-il conclu.
Reporté à plusieurs reprises, le procès de Mohamed El Ouardi et de 7 autres personnes poursuivies en état d’arrestation dans le cadre de cette affaire, devrait reprendre dans les prochains jours.