Acrobates, musiciens, dresseurs de singes, charmeurs de serpents, diseuses de bonne aventure, narrateurs de contes oraux issus de la sagesse populaire marocaine... Tous ceux qui animaient la place Jemaâ El Fna de Marrakech avant la pandémie sont, en tout, près de 450. Ils font partie des oubliés de la crise sanitaire du Covid-19, qui les prive de leur public et donc de leur source de revenus.
Aujourd'hui, ils se sentent négligés par les pouvoirs publics.
Devant le manque d'aides qui leur parviennent et l’indifférence des pouvoirs publics à leur sort, certains d’entre eux se disent contraints de mendier pour s'assurer des subsides, explique Mariam Amal, présidente de l’association des artistes de la Halqa (une halqa étant l'attroupement devant l'un d'entre ces artistes, des Hlaiqias), et notre interlocutrice étant elle aussi hlaiqia.
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"Les hlaiqias sont abandonnés à leur sort. La plupart d'entre eux ont vendu tout ce qu’ils possèdent pour pouvoir survivre. Aujourd’hui, beaucoup se retrouvent à la rue, en situation de mendicité", explique-t-elle pour Le360.
Selon Mariam Amal, les hlaykias revendiquent une reconnaissance à part entière de leur statut: "c’est grâce à nous que Jemaâ El Fna est devenue l’un des symboles de la ville et a été déclarée patrimoine culturel oral et immatériel de l’humanité par l’Unesco. Il faut donc une reconnaissance des artistes de la place".
Khalid Ntifi est lui aussi un hlaiqi de Jamaâ El Fna, l’un des musiciens de cette place, où il joue depuis 1975. Père de quatre enfants, il s'est retrouvé, depuis mars 2020, sans travail et sans argent.
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"J’ai tout vendu: la télévision, le réfrigérateur, même mon instrument de musique. Personne ne s’est soucié de notre sort ni ne a demandé si nous avions besoin de quelque chose", se désole-t-il.
Jamaâ El Fna, l’une des places les plus célèbres au monde, recevait chaque année plus de 2 millions de visiteurs. Auparavant très animée, elle est désespérément déserte... En attendant des jours meilleurs.