D’habitude, à l’approche de la fin du ramadan et pendant les jours qui précèdent l’aïd al-Fitr, les coutriers artisanaux croulent sous les commandes. Mais en cette dure période de crise sanitaire et de couvre-feu, ils sont à l’arrêt, ou presque. Ils continuent certes de travailler, mais à minima, en espérant des jours meilleurs.
"C’est une année des plus difficiles que nous n’avons jamais vécue auparavant. Le secteur est à l’arrêt. Le mois sacré qui, en temps normal, nous permettait de faire davantage de recettes, est cette année pour la deuxième fois consécutive source de beaucoup d’inquiétudes puisque les recettes ne comblent même pas les dépenses. Quant à parler de gains, cela relève presque d’une chimère", déclare face caméra pour Le360 Mohamed Ennaji, un artisan oujdi.
En exhibant fièrement sa marchandise, des djellabas et caftans qui, affirme-t-il, sont fabriqués avec grand art, il regrette que les temps soient aussi durs et les clients rarissimes. Mais il regrette surtout le manque de soutien de la part des autorités compétentes. "D’autant plus que la filière de la couture artisanale fait vivre plusieurs familles et est considérée parmi les secteurs qui ont fait la renommée de la ville".
Sa collègue, Badia Sadek, propriétaire d’un commerce, abonde dans le même sens. A cause de l’interdiction des mariages, elle a vu s’écrouler son commerce. "J’ai beaucoup de charges, dont le loyer, et j’ai du mal à m’en acquitter. J’ai donc été obligée de me séparer de mes employées", déplore-t-elle, en faisant remarquer que la filière fait travailler des secteurs parallèles qui se trouvent aujourd’hui, conséquemment, à l’arrêt, eux aussi.