C'est indigne d'un pays comme le Maroc. Les pharmaciens de Casablanca exposent toujours le lait Picot à la vente, alors qu'il est infecté et qu'il représente un vrai danger pour la santé des nourrissons. Le motif? Ils n’ont pas reçu de courrier officiel stipulant son retrait. C’est ce qu’a constaté l’équipe de le360 durant une tournée dans quelques officines de la métropole jeudi 14 décembre.
A la pharmacie des Lilas, la patronne des lieux déclare clairement qu’elle a été informée... via les médias. «J’ai retiré les lots, je ne vends plus ce produit depuis que j’ai appris la nouvelle à propos des traces de salmonelles dans ce lait infantile. Mais ce qu’il faut savoir c’est que nous n’avons pas reçu d’écrit officiel, ni du Conseil de l’ordre, ni du ministère de la Santé » déclare notre source. Même son de cloche du côté de la pharmacie El Khansa au quartier Mers Sultan.
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Le lait Picot est d’ailleurs toujours exposé en vitrine, en attendant de recevoir un courrier officiel. «Nous avons appris l’information à la télévision. Personne ne nous a informés de cette décision de retrait du lait Picot. Ceci dit nous n’allons pas le vendre…On attend…» confie la pharmacienne dans une déclaration à le360.
Notre source ajoute que le grossiste qui leur a vendu ces lots n’est pas au courant de cette décision de retrait annoncé dans un communiqué du ministère de la Santé aux médias le mardi 12 décembre, à savoir deux jours après le retrait annoncé en France, pays producteur de ce lait infantile par le groupe Lactalis.
Une autre pharmacie Casablancaise située sur le boulevard Hassan II a été informée via un mail envoyé par Hamza Guedira, le président du Conseil de l’ordre des pharmaciens. Mais encore une fois, le courrier n’est pas officiel. «Peut être qu’ils ne sont pas dans la boucle des envois email du conseil de l’ordre des pharmaciens basés à Rabat», suppose notre source. C'est grave.
Les propos recueillis durant ce reportage à Casablanca sont hallucinants. Ils sont emblématiques d’une situation scandaleuse. Nous sommes devant une affaire de santé publique et il s’agit de la vente de lait infantile contaminé à la salmonelle et qui menace la vie des enfants puisque les symptôme sont des diarrhées chroniques accompagnées de fièvres. De ce fait, la vie de millions de bébés marocains est en jeu puisqu’ils risquent la mort en consommant ce lait. La légèreté avec laquelle ce sujet est traité aussi bien par les autorités que par les pharmaciens est pour le moins insoutenable.
Mais le ministère de la Santé, dirigé par intérim par Abdelkader Amara semble ne pas prendre conscience de cet état de fait. En déplacement à l’étranger, le ministre est injoignable et son département de communication nous demande de contacter plutôt Ouadii Zerhouni, chef de service des médicaments au ministère de la Santé. Contacté par le 360, ce dernier déclare qu'un communiqué plus technique a été envoyé le mardi 12 décembre au Conseil de l'ordre des pharmaciens et au Conseil de l'ordre des médecins qui ont été chargés de diffuser l'information au sein de leur réseau. Mais tout porte à croire que la communication est assez chaotique.
Pour rappel, ce scandale de Lactalis a éclaté au grand jour le 10 décembre lorsque le ministère de la Santé en France a ordonné le retrait et le rappel de douze lots du lait infantile fabriqué entre la mi-juillet et la fin novembre, ceci après la contamination de 20 bébés de moins de six mois.